13 mars 2015

Le renchérissement des logements creuse les inégalités entre communes, en Ile-de-France



Le Monde.fr | 23.01.2015 | Par Isabelle Rey-Lefebvre


La région parisienne concentre à la fois les communes les plus riches de France, comme les arrondissements de l’ouest de Paris et le cœur des Hauts-de-Seine, et les plus pauvres majoritairement situées en Seine-Saint-Denis. Et entre 2001 et 2011, les disparités entre elles se sont accentuées, constate l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France (IAU-IDF), dans une étude publiée en septembre 2013. En cause, la cherté des logements et l’évolution des revenus.
Les différences de richesse et de patrimoine sont de plus en plus inscrites sur le territoire, avec des quartiers qui se spécialisent dans l’accueil des riches et d’autres dans celui des pauvres et des immigrés. L’IAU-IDF a ainsi classé les 1 300 communes franciliennes en neuf catégories selon les revenus de leurs habitants.

Dans les 31 communes les plus aisées (secteur 1), soit les 6e, 7e, 8e, 16e arrondissements de la capitale, Neuilly-sur-Seine, Marnes-La Coquette, Saint-Cloud, Vaucresson et Ville-d’Avray, dans les Hauts-de-Seine, et quelques villes des Yvelines comme Louveciennes et Le Vésinet, vivent 4,4 % des ménages franciliens. Leur revenu moyen s’est, entre 2001 et 2011, accru de 22 % en euros constants, tandis qu’il chutait de 1 % dans le secteur le plus pauvre, une baisse accélérée par la crise puisque entre 2008 et 2012, elle atteint 2,5 %.
« Progression très forte des ménages pauvres et très modestes »
Dans les villes les plus huppées, plus d’un tiers des ménages (37,3 %) sont parmi les 10 % les plus riches (le dixième décile), soit 0,6 point de plus qu’en 2001. A l’opposé, les 19 communes les plus pauvres situées au Nord Est de la capitale accueillent 254 000 ménages, soit 5,4 % des Franciliens : 70 % d’entre eux sont pauvres ou modestes (trois premiers déciles) et seulement 22 % gagnent plus que le salaire médian, une proportion en recul de 2,5 points, entre 2001 et 2011. « On voit bien un décrochage de ces communes avec une progression très forte des ménages pauvres et très modestes, analyse Mariette Sagot, auteure de l’étude, et encore, grâce aux politiques de redistribution, le nombre de ménages sous le seuil de pauvreté se réduit-il de 10 points, passant de 24 % à 14 %, grâce aux aides sociales. »
Les communes pauvres ont, en outre, été exclues du mouvement général d’accession à la propriété en raison du prix trop élevé des logements. Les locataires HLM ne peuvent plus acheter et restent beaucoup plus longtemps dans le parc social – 13 ans, en moyenne, en 2011, contre 8 ans, en 1984 –, comme assignés à résidence. Seuls 30 % des habitants de ces communes pauvres y sont donc propriétaires, contre 49 % pour la moyenne régionale.
L’étude relève également que ces territoires sont une porte d’entrée des immigrés, « ce qui concourt à leur paupérisation et leur dévalorisation, en raison d’un parc social important ». La proportion de la population immigrée (c’est-à-dire dont le chef de famille est immigré) y est passée de 27,4 % des habitants, en 1990, à 35 % en 1999 puis 44,2 % en 2008. Est-ce à ce phénomène que Manuel Valls, le premier ministre, fait référence quand il parle de politique de peuplement ?
Face à ces tendances lourdes, les politiques publiques sont peu efficaces. Implanter des logements sociaux dans les quartiers huppés ne permet pas, seul, de contrecarrer de tels mouvements de fond. Ainsi, grâce à la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU, du 13 décembre 2000), qui exige un minimum de 25 % de logements sociaux dans chaque commune de l’agglomération, les trois secteurs les plus aisés (1 à 3) ont créé, sur la décennie, 36 300 logements sociaux, soit 35 % de plus que ce qu’ils comptaient auparavant.
En dépit de cet effort, leur parc social reste très marginal, ne représentant que 4,3 % des résidences principales, très loin des 25 % espérés d’ici à 2030. Dans le même temps, les communes les plus modestes construisaient 37 900 logements sociaux, soit à peine plus. Résultat : le rééquilibrage social est resté très marginal.

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