9 janvier 2013

Conseil municipal Pessac 13 décembre 2012

Budget primitif
Vote contre des élus NPA. Intervention d’Isabelle Ufferte :

Nous avons eu l’occasion d’expliquer notre façon de voir lors du débat sur les orientations budgétaires. Sans surprise, ce budget obéit à une autre logique et nous voterons donc contre. Mais nous voudrions revenir sur un certain nombre de choses. Nous n’avons rien contre, a priori, la réalisation de jolies choses. Nous sommes sensibles à l’art, au « beau », aussi subjectif que cela soit, comme ici tout un chacun.
Et si nous discutions en dehors de tout contexte, nous n’aurions probablement pas grand-chose à redire à la plupart des interventions qui nous ont précédées, vantant les réalisations municipales et ses projets… Sauf que nous ne sommes pas en apesanteur, et que la question est de savoir à quelle situation nous voulons répondre, à quels besoins, à quelles urgences ?

La réfection du centre ville et le projet Save, qui engloutissent des sommes pour le moins importante des recettes de la ville, sont-ils des priorités ?
Pour une ville qui cherche à attirer les classes moyennes, les catégories socioprofessionnelles supérieures, peut-être… et dans ce cas c’est probablement assez réussi…
Mais pour une ville qui a d’abord le souci des 11 % de sa population qui survit en-dessous du seuil de pauvreté, ça l’est probablement beaucoup moins.
Alors bien sûr, la subvention versée au CCAS passe de 4,580 millions à 4,760 millions, augmentant ainsi d’un peu plus de 180 000 euros. Mais chacun sait ici que cela reste dérisoire au regard des besoins, alors que la cure d’austérité que met en œuvre le gouvernement va aggraver la situation de nombre de foyers modestes, en commençant par la hausse de la TVA dont les conséquences vont toucher en premier lieu les plus pauvres.
Et je voudrais dire deux mots de la politique du gouvernement, dont se réclame la majorité municipale.
On a paraît-il un gouvernement de gauche qui nous promettait, il y a déjà quelques mois, le « changement maintenant »… Alors, parlons de ce changement : nous avons eu droit à un discours pathétique il y a deux jours, à propos du RSA qui va donc augmenter de 10 % en 5 ans… soit 2 % par an. Si on compte en euros, cela fait 9,46 euros, soit 30 centimes par jour, c’est-à-dire de quoi se payer une demi-baguette.
Et en même temps on nous serine qu’il faut augmenter la compétitivité, et, dernière campagne en date, que le SMIC est quelque chose de dépassé. C’est sûr que vu le nombre de contrats précaires avec des salaires inférieurs au SMIC que les différents gouvernements ont empilé depuis 20 ans permettant de faire travailler jeunes et moins jeunes pour des revenus inférieurs au SMIC, il y a longtemps qu’on essaie d’habituer la population et en particulièrement, les plus fragiles, les plus éloignés de l’emploi, dont les jeunes et les femmes, à travailler pour des salaries inférieurs au SMIC.
Pendant ce temps, les patrons du Cac 40 engrangent à eux seuls 4,2 millions d’euros de salaires…      faut bien reconnaître la valeur du travail bien fait ! Et toujours en même temps, après des pirouettes en tous sens, le gouvernement s’est écrasé comme une carpe devant le voyou notoire Mittal… dans le plus profond mépris des salariés du groupe. Mittal qui se paie le luxe aujourd’hui dans Le Figaro d’expliquer que la menace de nationalisation était une bonne blague à laquelle il n’a jamais cru… En effet, la farce est totale, et Le Monde peut titrer cet après midi «  Le pari inédit du patronat français : comment le gouvernement et le Medef se sont rapprochés »… Sûrement au cas où certains n’auraient pas encore compris…
Alors le premier ministre peut s’offusquer (à juste titre) de l’exil fiscal de Depardieu, plein de mépris et de morgue, même à jeun semble-t-il… Mais il est dommage qu’il s’offusque beaucoup moins d’un possible ancien compte en Suisse d’un chirurgien capillaire, propriétaire d’une clinique spécialisée dans la chose -où il est peu probable que se soient fait opérer beaucoup de smicards…- et ce même gouvernement se garde bien de demander l’ouverture d’une enquête malgré un faisceau de faits qu’on pourrait qualifier de troublants… C’est vrai qu’il ne s’agit que du grand argentier de l’Etat.
C’est bien sûr sans rapport avec la politique municipale, mais c’est dans cette société-là que nous vivons et que nous faisons tous ici de la politique, pas en apesanteur.
Et dans ce contexte nous ne sommes pas d’accord avec l’affectation qui nous est proposée des 71 millions d’euros du budget.
Je tiens à redire que ce budget devrait pouvoir être débattu par la population la plus en difficulté, par les jeunes, les mères et pères de familles des quartiers populaires, tous ceux qui aujourd’hui se débattent pour trouver de quoi acheter une baguette de pain et à qui cette société ne donne jamais ou quasiment jamais la parole.
Et je voudrais faire une précision en annexe : avant que Maxime Moulinier se demande comme lors du dernier conseil municipal « où est la gauche et où est la droite » (question qu’il ne me viendrait pas à l’esprit de lui retourner…) je l’assure que je n’ai pas oublié les affaire Woerth, Bettencourt, Karachi et autres… Pour que les choses soient claires… si on peut dire !

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