7 octobre 2013

Elus locaux du npa : petits mais costauds !

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 202 (04/07/13)

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Y en a pas un sur cent… et pourtant nous sommes là !
Alençon, Allauch, Annecy, Canteleu, Chambéry, Clermont-Ferrand, Colomiers, Gérardmer, Le Mans, Louviers, Poitiers sont les principales villes où des militantEs du NPA sont conseillerEs municipaux (nous sommes le plus souvent la ou le seulE éluE de la liste).Nous sommes aussi dans les banlieues populaires de grandes villes, comme Bordeaux : Cenon, Cestas, Lormont, Pessac ; Caen : Hérouville ; Tours : Saint-Pierre-des-Corps ; Rouen : Sotteville-les-Rouen ; Paris : Évry, Fontenay-sous-Bois, Gennevilliers, Gentilly, Ivry, Trappes. Et dans plusieurs toutes petites communes.
Quand nous avons été éluEs, le NPA n’existait pas encore. Nous avons donc été éluEs sur des listes LCR, ou Vraiment - à gauche - toute - à 100 %, ou avec un autre parti, ou dans une petite commune où les listes sont sans étiquette, et le plus souvent dans des villes dont la majorité municipales a été élue dès le premier tour, nos listes dépassant alors les 5% nécessaires. Nous avions eu en 2008 plus de 80 éluEs. Cette particularité fait que les éluEs anticapitalistes sont partout des élus qui pratiquent l’opposition de gauche depuis de nombreuses années.
De plus, lors de ces dernières municipales, les comités pour un nouveau parti anticapitaliste se créaient partout en France et faire les listes a été une des étapes de la naissance du NPA. Quand nous avons été élus, ni nous ni les membres de la liste n’étions des « spécialistes », et nous ne connaissions que peu de choses sur les dossiers que nous avons eu à traiter. La démonstration que chacun peut s’emparer de cette fonction et ne pas la laisser toujours aux mêmes...


Dossier coordonné par Isabelle Guichard et Thibault Blondin

Porte-parole des mobilisations
Sous Hollande comme sous Sarkozy, les éluEs du NPA sont confrontés aux mêmes politiques d’austérité, nationales comme locales, et défendent une politique anticapitaliste, en faveur des services publics, de l’emploi et des mesures d’urgence nécessaires à la population.
ConfrontéEs aux conséquences de l’aggravation de la crise, particulièrement dans les quartiers populaires, les élues anticapitalistes s’opposent à des budgets contraints : stagnation ou restriction des dotations de l’État mettant les collectivités locales à contribution pour 750 millions d’euros dans les 2 années à venir.
Ils ont dénoncé les emprunts toxiques qui verront leurs taux d’intérêt exploser. Tous ont voté contre des budgets d’austérité pour la population et les employés communaux comme le recours massif à la précarité, aux CDD, vacations et contrats aidés.
Certaines municipalités font le choix démagogique d’installer au prix fort des caméras de vidéosurveillance qui ne pourront rien contre l’aggravation de la misère et l’explosion du chômage des jeunes, à la source d’une insécurité avant tout sociale.
Une opposition unitaire
Nos éluEs s’opposent aux délégations de service public, cadeau au privé, comme dernièrement à Pessac où la municipalité vient de donner au groupe privé Ansamble (Avenance, Quick…) la gestion des cantines. Ils défendent un retour en régie municipale ou communautaire de services fondamentaux, ce qui allégerait la facture des usagers, comme pour l’eau, encouragés par les nombreuses remunicipalisations partout en France.
Les élus NPA se font les porte-parole des luttes des salariés partout où ils sont éluEs. Ils sont partie prenante des actions des collectifs locaux (contre la dette…) ou écologiques (Notre-Dame-des-Landes).
Ils rendent régulièrement compte à la population de leurs interventions et de ce qui se dit au conseil à travers des bulletins locaux.
Nos éluEs défendent partout et au quotidien l’urgence sociale, en recherchant l’unité d’action avec toutes celles et ceux – partis, syndicats, collectifs, associations – qui veulent construire un rapport de forces pour imposer nos revendications. Ils/elles se battent aussi pour que les habitantEs, les salariéEs, chômeurEs, retraitéEs, jeunes, femmes, populations d’origine immigrée, s’approprient la politique, organisent leurs propres résistances, car rien ne changera sans la participation des plus exploitéEs.
Nos camarades éluEs sont un point d’appui pour construire une force politique, un parti des travailleurs et de la population qui pose la question du pouvoir, de l’instauration d’un gouvernement anti-austérité et pour l’annulation de la dette, pour le contrôle de toute l’économie par les travailleurs et la population.
La commission des éluEs du NPA

Contre les « Capital Invaders »
Suez, Veolia, Vinci se payent nos villes. Eau, transports, chauffage, stationnement, ordures, et si on ajoute Bouygues ou Nexity pour le logement, pas un domaine de nos vies ne leur échappe (1).
Le marché de l’eau est en difficulté, de plus en plus de villes décidant de passer en régie publique, et la troisième sœur du marché de l’eau, la Saur, est menacée de disparaître. Il leur faut donc se déployer sur tout ce qui peut rapporter sous-sous et pépètes dans nos villes et ne pas laisser de place à plus petits. On ne préfère pas petits ou gros voleurs, mais la lutte est plus difficile contre des géants qui sont partout et s’entendent pour se partager le boulot : quand l’un a l’eau d’une ville, il laisse ses déchets à l’autre...
À Gennevilliers, 40 000 habitants dans la banlieue nord-ouest de Paris, le Front de gauche vient de choisir un nouveau délégataire pour le chauffage urbain. Trois candidats au départ, mais au final une seule offre, GdF-Suez-Cofély (une autre branche de GdF, GRTgaz vient d’installer un grand centre d’ingénierie dans cette même ville : hasard ou retour d’ascenseur ?). Parmi tous leurs arguments pour continuer à vendre au privé ce service public, ça serait parait-il trop compliqué aux plans technique et commercial pour être géré dans le périmètre d’une commune...
Mobiliser la population ?
Mais pourquoi n’ont-ils pas cherché un regroupement intercommunal pour le chauffage urbain et l’eau chaude ? Et ce qui amène un autre « étonnement » : un tel groupement existe pour l’eau. Et là, les mêmes FdG défendent le retour en régie publique face à la droite qui avance l’argument de complexité technique. Mais ils ont une drôle de façon de défendre ce retour en régie : la convention avec Suez-Lyonnaise s’achève en juin 2015, mais à ­Gennevilliers et à Nanterre, ils ont « oublié » d’alerter et mobiliser la population que la réunion du syndicat des eaux décidant de la reconduction avait lieu en fait maintenant en mai 2013. Mais ils nous rassurent : en 2014, des villes vont passer à gauche et ils auront la majorité pour décider le passage en régie…
Ce que ça change d’avoir unE éluE anticapitaliste ? On peut réussir à bloquer une délégation de service public (comme à Chambéry), on a accès à plus d’infos et plus facilement, et on peut diffuser ces infos. Ce n’est pas la révolution d’amener des membres de la majorité municipale de Gennevilliers, dont ceux du PS, à ne pas voter la DSP du chauffage, mais cela ouvre des brèches dans le découragement général du « tous les mêmes, il n’y a rien à faire »…
Isabelle Guichard (conseillère municipale de Gennevilliers)
1. Il reste des secteurs qui leur échappent comme la santé et l’éducation : dormez tranquilles, les Pim Pam Poum sont là. Le partenariat public privé (vanté par Hollande) permet de faire construire écoles et hôpitaux par Bouygues and co qui les louent ensuite aux collectivités. Coûts triplés et quant à la qualité, voir l’exemple de l’hôpital d’Évry...

ÉluEs dans les quartiers populaires
En Gironde, 4 des 6 éluEs du NPA le sont depuis 2001 dans des communes avec d’importants quartiers populaires à Cenon, Lormont et Pessac, communes aux majorités PS-PC-EELV. Les politiques de gauche comme de droite n’ont résolu aucun des problèmes du monde du travail et de la jeunesse exploitée des quartiers.
36 % de la population y survit sous le seuil de pauvreté, 40% des jeunes sont au chômage, et 28% de la population est immigrée. Nous avons donc été amenés à nous battre, particulièrement, contre la dette et la précarité, pour les services publics, contre le racisme et les discriminations.
Les Emplois d'avenir (EA) et Emplois d'avenir professeur (EAP) de Hollande, réservés aux jeunes de ZUS, sont un échec : en Gironde, 35 EAP seulement ont été signés, 35% de l'objectif des EA. Ils s'ajoutent à tous les contrats précaires, dont les AED (assistants d'éducation), qui viennent d'être brutalement supprimés dans toutes les écoles et certains collèges de l'académie.
Nos éluEs se sont opposés aux opérations de renouvellement urbain (démolitions de HLM). À Pessac, ils étaient au côté d'habitantEs qui ont empêché par leur lutte la démolition de leur immeuble. L'intervention de nos éluEs, avec les habitants concernés, a obligé le maire à faire pression sur le bailleur social pour apporter publiquement des garanties de relogement et d'annulation des hausses de loyer. Il n’en a pas été de même à Lormont, où malgré la mobilisation d'habitantEs avec les éluEs du NPA, 1 345 logements HLM ont été détruits et remplacés par des logements plus petits et plus chers.
Contrôle par la population
À Lormont, l'élue du NPA a relayé l'action du Collectif 33 pour un Audit sur la dette afin de dénoncer les emprunts toxiques qui vont grever les finances de la ville ; elle a défendu l'annulation de cette dette illégitime et un service public bancaire sous le contrôle de la population.
La réforme des rythmes scolaires, appliquée dès 2013 à Cenon et Lormont, et que les élues du NPA contestent au côté des enseignantEs, ne pourra se faire sans embauches de personnels d'animation, pour la plupart à temps partiel. Comment embaucher avec des salaires décents, avec seulement une aide gouvernementale insuffisante durant 2 ans ?
Les éluEs ont été aussi à l'initiative d'une motion avec le Collectif pour le droit de vote pour les étrangers dès 2014 votée dans toutes leurs communes et au-delà. Quand une jeune femme voilée a été agressée à Pessac, le NPA a été le seul parti parmi les organisateurs de la marche « contre le racisme et l'intolérance », invité naturellement par les associations et jeunes qui en avaient pris l'initiative, malgré leur méfiance vis-à-vis des « politiques ».
Alors, aux prochaines municipales, les élus du NPA comptent être encore présents avec ceux qui le souhaitent, pour dire que ce n’est pas aux habitants des quartiers de payer la crise, pour imposer le contrôle de la population et des travailleurs sur l’argent public, pour imposer les droits démocratiques.
Christine Héraud (Cenon), Isabelle Ufferte (Pessac) et Monica Casanova (Lormont)

In-Vinci-ble ? Pas si sûr...
À Chambéry comme dans la quasi-totalité des villes, la municipalité a rendu payant le stationnement en centre-ville. Loin de diminuer la place de la voiture dans la ville, cette mesure vise à maximiser les rotations de véhicules, afin de permettre au plus grand nombre possible d’automobilistes de venir faire des achats de courte durée dans les commerces du centre-ville.
Imposé aux élus par les lobbies commerciaux, le stationnement payant relève ainsi d’une politique anti-écologique et antisociale, qui contribue à réserver aux plus riches l’accès au centre-ville.
De plus, les municipalités délèguent souvent la gestion du stationnement payant à des groupes privés. À Chambéry, la municipalité PS-PCF-EELV avait ainsi concédé au groupe Vinci la gestion des parcmètres et des trois parkings souterrains du centre-ville. Lors de la campagne municipale de 2008, nous avions dénoncé cette situation, en demandant à la fois la suppression du stationnement payant et la rupture des contrats qui liaient la ville à Vinci.
Une campagne populaire
Après notre élection, nous avons pu avoir accès à ces contrats et à la comptabilité. Nous avons ainsi pu constater que Vinci n’avait pris aucun risque ni fait le moindre investissement, puisque la construction des parkings, les travaux de matérialisation des places sur la voirie ou encore le paiement de la brigade de stationnement étaient entièrement à la charge de la ville. Nous avons aussi pu démontrer que Vinci empochait plus de la moitié des 2, 2 millions d’euros annuels que rapportait l’exploitation des parcmètres et des parkings, alors que ses charges (les salaires de 6 employés et l’entretien des ouvrages de stationnement) ne dépassaient pas 400 000 euros par an.
Nous avons fait connaître cette situation, en utilisant les outils dont peut bénéficier un élu : tribune dans le magazine municipal, conférences de presse, etc. Nous avons aussi mené une campagne militante dans la ville, en particulier en décorant tous les horodateurs avec des autocollants qui rappelaient à la population que leurs petites pièces tombaient dans les poches des actionnaires de Vinci.
Cette campagne a eu un grand écho auprès de la population : à notre grande surprise, les profits de Vinci sont devenus un sujet courant des conversations à Chambéry. Le coup de grâce est venu de la chambre régionale des comptes qui, dans un de ses rapports, a dénoncé les profits de Vinci en reprenant mot pour mot notre argumentation. À l’approche des élections, la municipalité a cédé : les parcmètres et les parkings du centre-ville sont désormais gérés par une régie municipale qui a dû reprendre les 6 salariés de Vinci. Cette victoire nous a apporté de la crédibilité et a aussi contribué à démontrer au milieu militant l’utilité de disposer à Chambéry d’une opposition de gauche à la municipalité PS-PC-EELV.
Laurent Ripart (conseiller municipal de Chambéry)
http ://chamberycentpourcentagauche.fr 

De l'utilité d'une élue anticapitaliste...
En 2008 s'est constituée à Poitiers une liste citoyenne soutenue par la LCR et les Alternatifs. Cette liste a obtenu 6, 24% des voix et une élue, Maryse Desbourdes (NPA), puisque le maire socialiste Alain Claeys l'avait emporté au premier tour, avec le PCF et les Verts. C'est l'unique opposition constante à la politique libérale.
Depuis 2008, Maryse Desbourdes s'est imposée comme la seule opposante au maire et à sa politique de démantèlement des services publics, d'augmentation de la précarité, d'atteintes aux libertés individuelles. Ce fut compliqué, puisque être seule contre tous, surtout lorsque l'on est une femme, n'est pas une promenade de santé. Le machisme est souvent à l'œuvre dans les conseils municipaux et la démocratie trop peu souvent respectée. Si Maryse peut prendre la parole aujourd'hui, c'est grâce au respect obtenu par une incroyable ténacité.
Même si tous les éluEs de la majorité de gauche votent le budget sans problème, il est arrivé d'avoir les éluEs écologistes avec nous dans des oppositions ponctuelles. Notamment sur la question des Roms, des sans-papiers et du Théâtre que la municipalité veut liquider. En revanche, il n'a jamais été possible de travailler sur des dossiers avec les élus du PCF, et ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Une tribune pour nos idées
S'il n'y avait pas d'élue anticapitaliste dans les conseils municipaux, ces derniers dureraient beaucoup moins longtemps ! Notre élue est la seule à faire de la politique, et à faire des propositions alternatives. La gratuité des transports publics n'a jamais été autant défendue à Poitiers que ces cinq dernières années. L'avantage, c'est que la presse reprend nos argumentaires, nous invite plus et couvre plus facilement nos actions. Les comptes rendus de conseil municipal citent tous Maryse et il est facile de voir qu'elle est la seule à s'opposer.
Avoir une élue permet également d'apporter des sujets nationaux sur la table, comme la question de l'austérité ou du non-cumul des mandats. Maryse aime beaucoup rappeler au maire qu'il s'opposait aux coupes budgétaires pour les collectivités locales lorsque c'était Sarkozy qui les faisait, et que maintenant il ne dit plus rien, il gère... Pareil avec la question du cumul des mandats, lui qui est député-maire, tout juste réélu député, et qui se relance dans la conquête de la mairie en 2014.
Le rôle de notre élue dans les luttes
Que ce soit sur la LGV Poitiers-Limoges, ou plus récemment contre la vente du théâtre, notre élue joue un vrai rôle. Déjà, elle s'oppose aux projets inutiles et/ou de casse du service public, ce qui n'est pas rien. Elle peut entraîner d'autres éluEs, comme les écologistes de temps en temps. Cela permet de mobiliser la population, en l'informant, et en propulsant la construction de collectifs citoyens (ou en y participant quand ils existent déjà).
Maryse se trouve parfois être la porte-parole de ces luttes dans l'institution, notamment lorsque le maire refuse aux collectifs de s'y exprimer. Voilà pourquoi il faut un maximum d'éluEs anticapitalistes aux prochaines municipales.
Alexandre Raguet

Site web
Des infos utiles aux éluEs et à touTEs ceux qui luttent dans leur ville, dans leur quartier… 
http ://elus-anticapitalistes.blogspot.fr/
Un blog qui accueille vos contributions et où vous trouverez sites et infos de nos éluEs.

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