25 mars 2013

Le budget de la Seine-Saint-Denis passe, le Front de gauche explose

Le budget 2013 du département a été adopté sur le fil, hier, par le conseil général. Une partie des élus du Front de gauche a voté pour, une autre contre.           Source  : Le Parisien du 22/03/2013

à lire aussi en fin d'article le communiqué de ceux qui ont voté pour

l est 13h30 hier lorsque Stéphane Troussel sort ravi de la salle des séances du conseil général à Bobigny. Après quatre heures de débats tendus, son premier budget en tant que président vient d’être voté d’un cheveu : 20 voix pour, 19 contre et une abstention. « C’est une belle victoire qui n’était pas acquise il y a encore quelques semaines », sourit l’élu PS. Mais à quel prix pour le groupe communiste, citoyen, Front de gauche et ses 13 élus, membres de la majorité? Leurs divisions, jusqu’ici contenues, ont éclaté au grand jour.
Car malgré les 30 M€ obtenus du gouvernement au titre de la solidarité entre territoires, l’inscription au dernier moment de 40 M€ qui a notamment permis de réduire l’augmentation des impôts locaux de 7,5% à 5,9%, le président du groupe Front de gauche a jeté un froid d’emblée, annonçant qu’une majorité de son groupe voterait contre le budget. « Ces efforts ne sont pas au niveau. Ce budget reste un budget d’austérité », lâche Pierre Laporte. A droite et au centre, persuadés que le budget passera in fine, les élus se gaussent sur l’air de « Comme d’habitude ».
Les conseillers généraux PS, eux, ne rient pas. « Ce n’est pas au moment où l’on commence à obtenir des avancées de la part du gouvernement qu’il faut dire : on casse la baraque », tonne Claude Bartolone. C’est finalement l’ancien président PC du conseil général Hervé Bramy qui, en toute fin de séance, le visage fermé, vole au secours du budget en annonçant que lui-même et ses collègues Belaïde Bedreddine, Josiane Bernard et Jean-Charles Nègre voteront pour. Visiblement fatigué et dépité, le vice-président du groupe Front de gauche Gilles Garnier s’abstient. Ces cinq voix contrebalancent celles des huit élus du groupe Front de gauche qui ont voté contre, et le budget passe à une voix.
Sitôt la séance terminée, on refait le match à coups de superlatifs. « C’est un vrai séisme, lâche Emmanuel Constant, président du groupe PS. Il y a clairement deux lignes : ceux qui, avec Mélenchon, parient sur la défaite de la social-démocratie et ceux qui refusent d’opposer les deux familles de la gauche ». Le même s’interroge ouvertement sur un possible retrait des délégations des vice-présidents qui ont voté contre (Bally Bagayoko, Pierre Laporte, Azzedine Taïbi). « Il est trop tôt », tempère Stéphane Troussel.
Le divorce au sein du groupe Front de gauche est en tout cas patent. Pierre Laporte n’exclut pas la scission de son groupe. Et Jean-Jacques Karman n’est pas tendre avec ses collègues ayant voté pour, y voyant un « chantage » de la direction nationale du Parti communiste. « Bramy n’est pas fier : il est en service commandé du PC. » L’intéressé, secrétaire départemental du PC, dément. « Je comprends la colère qui a pu conduire à voter contre mais je ne la partage pas. J’espère qu’on n’ira pas jusqu’à la scission. On est divisés sur la marche à suivre, pas sur les objectifs à atteindre ».

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APRES LE VOTE DU BUDGET DU CONSEIL GENERAL, LA MOBILISATION NATIONALE DOIT S’AMPLIFIER POUR DES ALTERNATIVES A L’AUSTERITE
vendredi 22 mars 2013
Communiqué

Ce 21 mars dernier, nous nous sommes réunis pour examiner le budget du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Ce vote du budget intervient dans un contexte de crise exacerbée en France et en Europe, auquel l’Etat fait face en mettant en oeuvre une politique d’austérité sans précédent.

Seuls comptent les exigences de réduction des dépenses publiques et le refus de mobiliser les richesses aujourd’hui accaparées par une minorité.

La Seine-Saint-Denis est fragilisée par des années de pouvoir Sarkozy et son refus de prendre en considération la situation et les réalités de ce département. Sa population continue d’être abandonnée aux logiques meurtrières de rentabilité financière au détriment du développement humain. La déception est grande pour un grand nombre de nos concitoyennes et concitoyens, la Seine-Saint-Denis ayant été le deuxième département à voter majoritairement François Hollande. Nous étions en droit d’attendre du nouveau gouvernement une mobilisation qui soit enfin à la hauteur des besoins et des aspirations des habitantes et habitants. Or les politiques d’austérité du gouvernement touchent indistinctement les collectivités.

Des propositions alternatives crédibles existent. Elles doivent être mises à l’ordre du jour gouvernemental avec courage et détermination : retour à l’Etat des compétences de solidarité nationale, mise en place d’une péréquation horizontale alimentée par la taxation des actifs financiers à 0,3% (18Mds €) et la mise à plat des 30 milliards de niches fiscales, retour à une imposition des entreprises en lien avec le territoire, réforme de la fiscalité locale pour tenir compte des ressources de foyers…..

Tout cela est de nature à opérer un véritable changement. La Gauche et ses électeurs doivent agir en se rassemblant afin de porter ces exigences.

Elus du groupe « communiste, citoyen front de gauche pour une alternative sociale et écologique », nous nous sommes battus avec âpreté pour que le budget du Département soit un budget plus combatif, plus engagé contre la dégradation de vie des séquano-dionysiennes et séquano-dionysiens. Cette bataille n’a pas été vaine.

Nous avons exigé le maintien de lignes budgétaires dans tous les secteurs où les réductions budgétaires affaiblissaient de façon inacceptable les services rendus à la population. Pour une part nous avons été entendus. Nous avons également obtenu du Président du Conseil général, l’inscription de 40 millions d’euros de recettes attendues par le Département au titre du futur fonds de solidarité entre les départements franciliens. Notre bataille a également été celle de réduire une hausse de la taxe foncière initiale inscrite à hauteur de 7.5% pour la ramener à 5.9%.

Encore une fois j’insiste notre objectif, notre seul objectif, était de préserver au maximum les services rendus à la population dans les domaines de l’emploi, de l’action sociale, de l’éducation, de la santé, des transports, de la culture et du sport et du développement durable.

Nous continuons de penser que ce budget n’est pas à la hauteur de la souffrance sociale qui s’exprime dans nos cantons. Tout cela ne suffit pas. L’Etat doit débloquer les moyens d’une véritable solidarité nationale pour venir en soutien à la Seine-Saint-Denis.

Malgré ces difficultés, nous avons décidé de voter ce budget. Nous respectons évidemment le vote de nos camarades qui ont choisi soit de s’abstenir, soit de voter contre. Nous comprenons la déception et la colère qui ont pu guider leur choix. Cependant nous estimons que la présence d’élus de notre groupe au sein de la majorité départementale est un point d’appui pour la défense des intérêts des séquano-dionysiennes et séquano-dionysiens.

Les améliorations que nous avons obtenues à partir de nos propositions sont d’ailleurs une preuve de notre utilité et de notre efficacité.

Nous estimons également que faire tomber le budget du Département ne contribue en rien à améliorer le quotidien des populations. Aucun habitant d’aucune ville de la Seine- Saint-Denis n’en aurait tiré de bénéfice. Seules se seraient réjouies la droite et l’extrême droite qui y auraient trouvé matière à renforcer leurs positions.

Nous estimons enfin que le premier responsable des politiques d’austérité c’est le gouvernement. Nous continuerons notre combat pour une alternative à l’austérité en participant à la campagne nationale qu’anime le Front de Gauche, dont notre parti le PCF est membre fondateur. Nous continuerons aussi de nous mobiliser au sein de la majorité départementale pour que notre collectivité obtienne ce que l’Etat lui doit et pour que ces moyens soient utilisés de la manière la plus efficace au service des habitants.

Les Conseillers généraux du Parti Communiste Français-Front de Gauche : Josiane Bernard (Bagnolet), Hervé Bramy (Le Blanc-Mesnil), Belaïde Bedreddine et Jean-Charles Nègre (Montreuil)



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