25 mars 2013

Le ministère des Affaires étrangères crée un fonds d’aide d’urgence des collectivités pour le Mali

C. Ferrero | France | Publié le 20/03/2013
Lors de la conférence organisée à Lyon le mardi 19 mars 2013 sur « les collectivités territoriales pour la paix et le développement au Mali », Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères a reconnu les collectivités comme l’un « des quatre piliers qui soutiennent la stratégie de retour à la paix et de transition politique vers la démocratie et le développement».
Le « pilier » des collectivités représente quelque 170 collectivités françaises en relation avec environ 250 collectivités partenaires maliennes sur près de 400 projets de coopération décentralisées. Si les actions ont été suspendues sur le terrain au cour des derniers mois, les relations ont été maintenues. Comme l’ont rappelé les différents intervenants, les services de base sont les plus largement représentés : eau/assainissement, éducation/formation, appui aux secteurs productifs, principalement l’agriculture. Ce sont aussi ces secteurs qui constitueront l’urgence des actions extérieures des collectivités pour aider au redémarrage du Mali dès la fin de la crise actuelle.
Avec des problématiques supplémentaires liées à la crise malienne depuis un an comme le retour des personnes déplacées, estimées à 400 000 environ, et la restauration de la gouvernance, dont les services publics décentralisés.
“Eviter la dispersion des projets” - Dans l’immédiat, le ministre a insisté sur la nécessité de « bien coordonner les projets entre les collectivités et l’Etat et d’éviter la dispersion des projets, pour fédérer les initiatives ». A cet effet, trois mesures ont été annoncées à Lyon, dont la création d’un fonds d’aide d’urgence, le FACECO (Fonds d’action extérieure des collectivités locales), qui est adossé à la cellule de crise du Quai d’Orsay et « opérationnel dès aujourd’hui ».
Par ailleurs, un point contact (téléphone-internet) pour les collectivités sera créé à l’ambassade de France à Bamako. Ce point dont la mise en service est prévue d’ici le 15 avril permettra de s’informer de la réalité et de la faisabilité des besoins et des projets sur place.
Parallèlement et dans le même esprit, un guide de l’action extérieure au Mali sera édité à l’initiative de Cités Unies de France, co-organisatrices de la conférence de Lyon, et disponible « d’ici un mois pour toutes les collectivités ». Le guide devrait faire un état des besoins précis des régions maliennes et identifier les conditions de réalisation des projets.
Des projets à 150 millions d’euros - Deux autres piliers sont constitués par la reprise progressive de l’aide bilatérale avec plusieurs projets concentrés dans le nord du pays (pour environ 150 millions d’euros) et la mobilisation de la diaspora malienne, importante en France, dont le soutien à l’économie du pays est essentiel.
Enfin le « pilier » de la conférence des donateurs qui se tiendra à Bruxelles à mi-mai se fixe pour objectif pour la France « de montrer l’exemple » et de réunir tous les acteurs (Etats, collectivités, ONG, entreprises…) européens et internationaux intéressés par le développement et le financement des actions au Mali. « Cette journée de Lyon va permettre à François Hollande, président de la France, d’arriver avec un large soutien pour faire entendre nos propositions », a déclaré Laurent Fabius.
Le nouveau cadre institutionnel, qui sera sans doute précisé en mai à Bruxelles, permettront aux collectivités de (ré)organiser leur coopération avec leurs partenaires maliennes. « Le Mali est en passe de retrouver son intégrité territoriale et l’opération de paix de l’ONU se traduira dans les faits par la présence des casques bleus dès le mois de mai», a souligné Laurent Fabius.
Les élections annoncées par le président Traoré et prévues pour juillet prochain devraient permettre d’assurer la stabilité politique. « Le dialogue et le processus de réconciliation est possible avec toutes les communautés dès lors qu’elles renoncent à la lutte armée et reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali », ont affirmé Laurent Fabius et son homologue malien, Tiéman Coulibaly.
Au total, les collectivités consacrent entre 5 et 6 millions d’euros par an à leurs actions de développement au Mali.

Quelques exemples d’actions de coopération au Mali

  • La région Rhône-Alpes, depuis 1984, a apporté une aide au développement économique et agricole et une coopération structurée avec l’Assemblée régionale de Tombouctou pour l’appui institutionnel à la gouvernance régionale. Elle participe à un programme de numérisation des Manuscrits de Tombouctou par l’INSA de Lyon.
  • Maxéville (Meurthe-et-Moselle) intervient sur l’eau et l’assainissement de la ville de Gao.
  • L’Association nationale des villes et pays d’art et d’histoire (ANVPAH) coopère avec l’association des municipalités du Mali et la ville de Ségou sur la protection des centres anciens et une réglementation locale adaptée.
  • Les régions Nord-Pas de Calais et Ile-de-France collaborent avec la région de Kayes sur plusieurs projets de développement agricole autour de l’axe « Fleuve Sénégal ».
  • Zoom sur le programme de coopération décentralisée mené depuis 2001 par la ville de Cholet avec la commune de Boussé-Sao, au Burkina Faso, en partenariat avec l’ONG SOS-Sahel. Au-delà des aspects matériels, l’accent est mis sur la formation des élus et cadres municipaux, afin de favoriser les transferts de compétences. Un reportage vidéo de Jacques Paquier.

1 commentaire:

isa a dit…

Il faut refuser ces actions de "coopération" tant qu'il n'y a pas retrait de l'armée française !
Parler de "stratégie de retour à la paix" avec la présence de l'armée, s'il le fallait on en voit la réalité en Afghanistan