12 juin 2013

réseau de transports du Grand Paris

AFP  Publié le 11/06/2013
Le futur métro automatique du Grand Paris pourrait fonctionner comme un puissant levier de créations de richesses, mais des économistes mettent en garde contre le frein à la croissance que constituerait un manque de logements.
En période de crise économique et de chômage de masse, il est des chiffres qui font rêver, surtout quand de sérieux économistes les adoubent : 73,5 milliards d’euros, c’est l’évaluation “raisonnable” de l’impact socio-économique de cette nouvelle infrastructure d’ampleur, d’un coût évalué à 26,5 milliards d’euros, qui va remodeler l’Ile-de-France.
Ce montant porte sur les avantages induits de l’actuelle phase de démarrage du projet et les 50 années qui suivront les mises en service successives des portions du réseau, qui doivent s’échelonner de 2020 à 2030, a précisé la Société du Grand Paris (SGP), maître d’oeuvre de l’infrastructure de transport.
115 000 emplois - La SGP a travaillé sur trois scénarios, un pessimiste, un optimiste et un médian. Ce dernier scénario, qui table sur la création de 115.000 emplois supplémentaires par rapport à la croissance prévisible en Ile-de-France, a été validé par un comité scientifique d’économistes français et étrangers indépendants, spécialistes des transports et d’économie urbaine. Il est présidé par le professeur Jacques-François Thisse, de l’Université catholique de Louvain (Belgique).
Ces 73,5 milliards d’euros escomptés proviennent pour 44,6 milliards d’avantages dit “classiques”, correspondant aux gains de temps, de régularité et de confort pour les usagers, ainsi qu’aux effets sur l’environnement (pollution, bruit), et pour presque 29 milliards d’avantages “non classiques” liés aux effets de densification de l’emploi, aux gains de productivité pour les entreprises.
Tous ces gains “permettent d’estimer la rentabilité de l’investissement autour de 8%”, s’est réjoui Etienne Guyot, président du directoire de la SGP, un taux bien supérieur à la plupart des projets de transport.
Outre la projection d’emplois induits par le projet, il y a aussi les emplois directs liés aux travaux de construction des 200 kilomètres de lignes, la plupart en souterrain, et des 72 nouvelles gares, soit de 15 à 20.000 emplois par an durant la durée des travaux, selon la SGP.
Cela concerne le secteur des travaux publics et la filière ferroviaire (construction de matériel roulant, équipement des voies), donc de l’emploi non délocalisable.
Rééquilibrage à l’est - “Une agglomération d’Ile-de-France, un Grand Paris qui se développent, ce n’est pas Paris contre la province, c’est toute la France qui se porte mieux”, avait vanté Jean-Marc Ayrault lors du lancement du “Nouveau Grand Paris” en mars 2013, pensant aux emplois qui seraient aussi créés dans des entreprises régionales appelées à collaborer à ce chantier d’intérêt national.
La SGP commence, de son côté, à travailler, avec Pôle Emploi, sur la mise en oeuvre d’une “clause d’insertion” pour certains marchés de travaux “afin de mobiliser les territoires en faveur de l’emploi local”, a annoncé M. Guyot.
De plus, l’étude de la SGP montre un rééquilibrage de l’Ile-de-France vers sa partie Est qui devient plus attractive alors qu’elle concentre les communes aux revenus fiscaux les plus faibles. “Les bénéfices du Grand Paris sont plus concentrés sur les plus modestes : 54% des gains bénéficieront aux ménages de revenus inférieurs à la moyenne alors qu’ils représentent 46%” de la population régionale, évalue la SGP.
L’impératif de la construction de logements - Mais cet élan de rééquilibrage social et territorial “dépend étroitement des politiques d’accompagnement notamment dans le logement”, lancent aux pouvoirs publics les économistes du Conseil scientifique, rappelant l’objectif de 70.000 logements construits par an inscrit dans la loi de 2010, alors que 35.000 sortent péniblement de terre chaque année.
“Les travaux récents en économie urbaine sont unanimes pour reconnaître qu’un des principaux freins à la croissance de l’emploi au sein des grandes métropoles réside dans une offre insuffisante de logements”, insistent les économistes. Les jeunes ménages sont découragés de venir ou poussés à quitter la région parisienne.
Réaliser l’objectif des 70.000 logements, avancent les experts, “demande des progrès considérables de la gouvernance métropolitaine de l’urbanisme, sujet qu’il faudrait explicitement traiter dans la prochaine loi de décentralisation”.
Celle-ci vient d’être dépecée au Sénat en première lecture, en tout cas pour ce qui concerne la création d’une Métropole de Paris, qui a été tout simplement supprimée. Reste à voir ce qu’en feront les députés, à partir du 15 juillet.

1 commentaire:

isa a dit…

on comprend que le choix de ce réseau est motivé par 'appât du gain, et non pas par la recherche de solutions plus utiles aux Franciliens, moins coûteuses en argent public et moins destructrices / environnement