21 juin 2013

Un rapport propose de reporter la construction de plusieurs LGV après 2030

Le rapport Duron sur les grands projets ferroviaires et routiers en France, qui doit être remis
le 27 juin 2013 au gouvernement, propose de reporter la construction de plusieurs lignes
à grande vitesse (LGV) au-delà de 2030, a-t-on appris mercredi 19 juin de sources concordantes.
AFP
Publié le 20/06/2013
Ce rapport doit hiérarchiser les 70 projets retenus en 2007 au regard des contraintes budgétaires. Il ne retient qu’une seule LGV entre Bordeaux-Toulouse à l’horizon 2030 et privilégie la desserte de proximité par rapport à la grande vitesse, selon des sources proches du dossier, jointes par l’AFP.
La commission Mobilité 21, dirigée par le député Philippe Duron, s’est attachée à revoir le catalogue des 70 projets dans le Schéma national des infrastructures de transport (Snit), élaboré sous le gouvernement Fillon après le Grenelle de l’environnement de 2007.
Ces sources ont confirmé les informations révélées mardi par l’Usine Nouvelle.
Selon le magazine, la commission a élaboré deux scénarios. Le premier ne prévoit pas de financement nouveau pour l’Agence de financement des infrastructures de transport (Afit). Dans ce cas, aucun grand projet ne verrait le jour.
Le deuxième scénario, désigné comme “le plus probable”, de mêmes sources, prévoit de respecter les engagements du Grenelle en réaffectant la moitié de l’écotaxe sur les poids-lourds à l’Afit, soit plus de 400 millions d’euros par an. Ce budget serait complété par d’autres contributeurs comme les collectivités et les opérateurs de transports, pour atteindre un montant d’investissement total d’environ 1,3 milliard d’euros par an.
Ce scénario “optimiste” ne définit qu’une seule ligne à grande vitesse prioritaire, avec un début des travaux programmé entre 2020 et 2030 : l’axe Bordeaux-Toulouse, pour un coût d’environ 7 milliards d’euros.
La ligne ferroviaire Picardie-Roissy est également validée et de nombreux “noeuds ferroviaires” (Lyon, Marseille, Nice…) doivent être créés ou rénovés.
Les autres lignes à grande vitesse seraient renvoyées après 2030, en dehors du champ des priorités gouvernementales. Les lignes Paris-Orléans-Clermont-Lyon, Bordeaux-Hendaye et la fin de la ligne Rhin-Rhône seraient concernées par ce report.
Autre chantier, la ligne grande vitesse Paris-Normandie doit être moins ambitieuse que prévue. La liaison Paris Saint-Lazare-Mantes fait partie des priorités à réaliser avant 2030, mais le trajet Mantes-Rouen serait remis à plus tard.
Contacté par l’AFP, le ministère des Transports s’est refusé à tout commentaire, en rappelant toutefois que “les préconisations de Philippe Duron ne présagent pas des décisions politiques à venir”.


Des élus alsaciens, “scandalisés” et “outrés” par la proposition de reporter après 2030 la LGV Rhin-Rhône, vont écrire à François Hollande pour tenter d’infléchir son arbitrage, a indiqué à l’AFP Jean-Marie Bockel, sénateur et président de l’agglomération de Mulhouse.
Le sénateur UDI a confié être sur le point de “finaliser” un courrier au président de la République, qui sera ouvert à la signature de “l’ensemble des élus, présidents des conseils généraux et de région concernés” par un éventuel report de la LGV Rhin-Rhône.
Le président du Conseil général du Haut-Rhin, Charles Buttner (UMP), évoque un “scandale sans nom” et Jean-Marie Bockel se dit “à la fois désespéré et outré” par cette proposition.
Au-delà de la situation tendue des finances de l’État, le président du conseil général du Bas-Rhin Guy-Dominique Kennel (UMP) lui non plus “ne voit pas la raison” de reporter la deuxième tranche de cette LGV, qui est selon lui “le dossier le plus avancé en France”.
Alors que l’Alsace est majoritairement à droite, M. Bockel dit se refuser “à ce stade à croire qu’on cherche à punir l’Alsace d’avoir mal voté” en reportant ce projet. “Que ce soit délibéré ou pas, nos concitoyens peuvent avoir ce sentiment”, estime de son côté M. Kennel.
M. Bockel y voit “une remise en cause de la parole donnée”, alors qu’une convention avait été signée en 2012 en vue d’achever la deuxième tranche du projet de LGV Rhin-Rhône.
“Le débat sur la pertinence du projet a eu lieu, l’arbitrage rendu, et de l’argent public engagé à travers des acquisitions foncières à hauteur de 80 millions d’euros”, énumère M. Bockel.
Quant à l’argument d’un gain de temps limité avancé par les opposants au projet, il est balayé par la nécessité d’achever l’axe européen à grande vitesse Rotterdam-Anvers-Bâle-Lyon-Gênes, un des projets de LGV européens jugés “prioritaires” par l’Union européenne, affirme M. Bockel.
Les élus socialistes à la Région Alsace s’opposent eux aussi dans un communiqué à un report du projet “qui contribue au rayonnement européen de l’Alsace et à son accessibilité, ainsi qu’à la relance économique permise par les emplois créés à cette occasion”.

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