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la Gazette le • avec l'AFP La ségrégation sociale dans le système éducatif secondaire (collèges et lycées) est "importante" en France, indique une étude publiée jeudi 28 mai, bien que l'objectif de mixité sociale, bénéfique pour tous les élèves, soit inscrit dans la loi sur l'école de 2013.
La ségrégation sociale mesure le degré de mixité des élèves en fonction de leur origine sociale. Son évaluation s’appuie sur les déclarations des familles lors de l’entrée de l’enfant au collège – de telles données n’existent pas pour les écoles maternelles et élémentaires.
L’étude réalisée par deux chercheurs de l’Ecole d’économie de Paris, Son Thierry Ly et Arnaud Riegert, pour le compte du Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO), a quantifié ces ségrégations en se basant sur des données administratives collectées sur six ans par les académies, pour les établissements publics et privés
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Quels sont ses effets sur les apprentissages des élèves et sur les indicateurs de cohésion sociale (croyance dans les institutions, civisme, comportements en matière de santé…), s’est interrogée Nathalie Mons, sociologue et présidente du CNESCO, organisme indépendant créé en 2013 chargé d’évaluer l’organisation et les résultats du système scolaire.
« Le consensus est que la ségrégation sociale est très nuisible pour les apprentissages des élèves les plus en difficulté, qu’elle renforce les apprentissages des élèves les plus favorisés et qu’elle est neutre pour les autres », déclare la sociologue.
Mais elle « nuit à tous les élèves, quels que soient leur classe sociale et leur niveau scolaire, en termes de cohésion sociale, attitude citoyenne et tolérance », a-t-elle ajouté.
« D’importantes disparités »
L’importance de la ségrégation sociale s’explique « en grande partie » par la ségrégation résidentielle (quartiers où les familles habitent), au collège comme au lycée, note l’étude, dont les conclusions définitives seront publiées à l’automne.
Ainsi, s’il n’y avait aucune ségrégation sociale, chaque collégien compterait dans sa classe 22% d’élèves appartenant aux catégories socio-professionnelles supérieures (CSP+, à savoir chefs d’entreprise, cadres, professions intellectuelles, enseignants et professeurs des écoles). Or aujourd’hui, un élève issu d’un famille CSP+ en compte 34% et les autres élèves seulement 18%, soit un taux quasi deux fois inférieur.
Ces taux moyens cachent d’importantes disparités, soulignent les deux chercheurs. Quelque 5% des collèges comptent 3% ou moins d’élèves CSP+, et à l’inverse, 5% de collèges ont une proportion d’élèves issus des classes aisées trois fois supérieure à la moyenne nationale.
Cette faiblesse de la mixité sociale se retrouve surtout dans les zones urbaines car les établissements en zone rurale recrutent sur un rayon plus important. Tous les enfants d’un même secteur, quel que soit leur milieu, vont dans le même établissement car il n’y en a qu’un.
La ségrégation scolaire, qui mesure la mixité entre les élèves bons et faibles, est elle aussi importante dans le secondaire en France. Là encore, s’il n’y avait pas de ségrégation scolaire, les meilleurs élèves (ceux qui n’ont jamais redoublé et se situent dans le quart supérieur des résultats au brevet en fin de 3ème) devraient représenter 22% dans une classe. Or les meilleurs élèves comptent 36% de très bons élèves dans leur classe et les autres seulement 18%.
Cette ségrégation s’accroît fortement lors du passage au lycée en raison de l’orientation, puisque souvent les élèves les plus faibles vont en lycée professionnel.