26 mai 2015

Grève dans les crèches parisiennes

Le Parisien Julien Duffé | 26 Mai 2015,


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Hôtel de Ville (IVe), le 11 septembre 2014. Comme en juin et en septembre dernier, les 7 500 agents des crèches parisiennes sont appelés à la grève pour dénoncer le sous-effectif chronique et des conditions de travail « insupportables ».
Hôtel de Ville (IVe), le 11 septembre 2014. Comme en juin et en septembre dernier, les 7 500 agents des crèches parisiennes sont appelés à la grève pour dénoncer le sous-effectif chronique et des conditions de travail « insupportables ». (LP/J.D.)

Elles ont le blues et crient au surmenage. Les 7 500 agents des 465 crèches parisiennes pourraient être nombreux à cesser le travail ce jeudi. Syndicat majoritaire, la CGT-Petite enfance appelle à une grève reconductible pour dénoncer des conditions de travail « insupportables », faute de personnel en nombre suffisant.

« Mais depuis, on n’a pas vu la situation s’améliorer mais se dégrader, soupire Emmanuelle Juignier, auxiliaire de puériculture et responsable à laCGT. Les agents travaillent à flux tendu et n’en peuvent plus. A certaines heures, on est même en dessous des ratios d’encadrement. Il faut des embauches : c’est une nécessité. » Et de dénoncer pêle-mêle les arrêts maladies, les formations et les congés maternité non remplacés, les horaires prolongés ou changeants, les dépannages intempestifs demandés aux agents pour pallier les absences dans les établissements voisins… Ou encore la « pression », voire « la culpabilisation » exercée sur les agents…Des grèves sur les mêmes motifs avaient été organisées en juin, puis en septembre 2014 avant que Conseil deParis ne consente, en décembre dernier, à créer 40 postes supplémentaires pour étoffer le volant de remplaçants qui atteint aujourd’hui 270 agents.
« On est la direction qui sollicite le plus la cellule sur les risques psychosociaux créés par la Ville. Et on bat aussi des records de turnover : chaque année, il y a à peu près autant d’agents qui quittent la direction que de gens qui y arrivent », fait valoir Emmanuelle Juignier.
22 000 SMS envoyés aux parents
Un tableau sombre que ne partage évidemment pas la Ville de Paris. Ce mercredi après-midi, elle recevra les représentants de la CGT et s’apprête à envoyer quelque 22 000 SMS aux parents pour les inciter à prendre leurs dispositions pour jeudi (le 11 septembre dernier, 9 % des agents s’étaient mis en grève et 16 crèches avaient été totalement fermées).
« Aucune autre collectivité ne crée autant d’emplois publics dans ce secteur », justifie-t-on à la direction des familles et de la petite enfance qui rappelle qu’entre 2001 et 2014, 2 500 nouveaux postes ont été ouverts pour accompagner la création de 10 000 places de crèches supplémentaires. Si la direction explique n’avoir enregistré « aucune statistique indiquant une dégradation des conditions de travail », elle reconnaît des problèmes d’absentéisme.
« Notre direction est composée à 99 % de femmes, souligne un de ses responsables. Et on enregistre 250 congés maternité par an. C’est pour y faire face qu’on a augmenté notre volant de remplaçants. » Sur la pénibilité, la Ville explique être attentive aux besoins des agents. « Par exemple, on met des rehausseurs sur toutes les machines à laver et les sèches linges pour éviter les problèmes de dos. »
Mais la mairie dément toute entorse au ratio d’encadrement, toute pression sur les agents et explique que le turnover est dans la moyenne des autres directions de la Ville. « On est même plutôt attractifs puisque les autres collectivités nous accusent d’assécher le vivier des personnels. »

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