31 mai 2015

Grand Paris : un contrat entre cinq villes pour se préparer au supermétro

Deux cents pages, et le résultat de quatre années d’études et de discussion entre les élus et l’Etat. Le Contrat de développement territorial (CDT) Est Seine-Saint-Denis est soumis à enquête publique à partir de ce lundi (et jusqu’au 30 juin). Le Parisien Gwenael Bourdon | 31 Mai 2015

Cette feuille de route concerne cinq communes traversées par la ligne 16 du futur Grand Paris Express (Aulnay, Clichy, Montfermeil, Livry-Gargan et Sevran). Panneaux et documents sont consultables en mairies, et au siège des deux communautés d’agglomérations (Clichy-Montfermeil, Terres de France). Le CDT doit être signé avant la fin 2015*. Il formule, dit-on en préfecture de région, une « vision commune » du territoire, sans valeur contraignante.
Son ambition : préparer l’arrivée du métro automatique, dans un secteur où « 80 % des travailleurs sont contraints de se rendre à l’extérieur [du territoire] » pour rejoindre les zones d’emploi.

19 900 logements en plus d’ici 2028. Le document prévoit « la construction de 1 575 logements en moyenne » par an sur les cinq villes, durant 15 ans. D’ici 2028, en tenant compte de la démolition d’habitat de mauvaise qualité (comme au Chêne-Pointu, à Clichy), le territoire pourrait compter 19 900 logements en plus (dont 30 % de logements sociaux). Outre la rénovation urbaine, d’autres opérations sont envisagées, pouvant faire appel aux promoteurs privés. Elles ciblent les zones entourant les futures gares. La fermeture du site PSA est prise en compte, le document évoque des zones urbaines le long du boulevard Citroën, aujourd’hui plutôt désert. On sait qu’une Opération d’intérêt national (OIN) est envisagée à cet endroit, pour accélérer les constructions.
D’importants besoins en équipements publics. Le CDT prévoit une augmentation de la population de 2 400 habitants par an (+ 1 %). On entrevoit un « pic d’accueil entre 2029 et 2030 dans les écoles. » Il faudrait alors disposer de 18 maternelles et 23 élémentaires de plus (estimation partielle, la ville de Livry, autrefois hostile au projet, n’ayant pas fait ses propres prévisions). Les communes auront-elles les moyens de financer ces équipements nouveaux ?
Culture, sport, espaces verts. Sans rien graver dans le marbre, le document mentionne un lieu pour le Créa, l’école de chant d’Aulnay, la transformation de la tour Utrillo en résidence d’artistes à Clichy-Montfermeil, Terres de Sport sur les terrains Montceleux à Sevran, un pôle Sport et santé à Livry… Et la création d’un Arc paysager, reliant les 600 ha d’espaces verts du territoire (forêts et parcs).
Le chantier de la rénovation énergétique. 65 % des 80 000 logements de ce territoire ont été construits avant 1975, soit avant la première réglementation thermique. Ils « concentrent à eux seuls 75 % des besoins de chauffage ». Le CDT prône la mise en place d’un « guichet unique », pour aider les habitants à faire des travaux. Il veut aussi offrir aux PME locales des « conditions facilitées » d’accès aux marchés de rénovation.

*Quatre CDT ont déjà été signés : Est Ensemble, pôle métropolitain du Bourget, Roissy-portes de France, Territoire de la culture et de la création sur Plaine commune.

Les communes n’appartiendront peut-être pas au même territoire
La question mérite d’être posée. L’épais document, où s’ébauche l’avenir de tout un pan de département, aura-t-il encore du poids à l’heure du Grand Paris ? Car le préfet de région a fait connaître le 19 mai ses propositions pour le regroupement des communes de la petite couronne en « territoires » d’un minimum de 300 000 habitants dans le cadre de la future métropole. Les élus ont jusqu’à la fin de la semaine pour donner leur avis. 

Quatre cartes ont été dessinées. Sur trois d’entre elles, les cinq villes du CDT appartiennent à deux territoires différents : Sevran et Aulnay d’un côté, dans un conglomérat de 8 communes autour des deux aéroports de Roissy et du Bourget ; Livry, Clichy et Montfermeil de l’autre, dans une agglo plus mouvante, de 9 à 14 villes, baptisée « Grand Est ». Seul un scénario permet aux cinq villes de rester ensemble, dans un territoire géant de 17 communes et 564 337 habitants, de Dugny à Gagny !

Quel que soit le scénario, les cinq maires restent attachés au CDT, auquel ils ont collaboré. Certains s’interrogent, comme le maire UMP d’Aulnay Bruno Beschizza : « Il y a de vraies zones d’ombre, même si tout ne sera pas remis en cause. » Pierre-Yves Martin, maire UMP de Livry, estime que le document est une garantie : « Il réaffirme que Livry reste un espace de respiration dans ce secteur et qu’il faut préserver le tissu pavillonnaire. » Stéphane Gatignon, maire (EELV) de Sevran, y voit même une arme, dans le cadre de la future Métropole : « Avec ce contrat, on sait que l’on pourra discuter de l’arc paysager, du logement, des grands équipements culturels et sportifs… » Pour Olivier Klein, maire PS de Clichy, l’association des cinq villes aura toujours du sens, même si elles appartiennent à des territoires différents : « Le métro de la ligne 16 créera forcément du lien entre nos communes ». Son voisin (UMP) de Montfermeil, Xavier Lemoine, y voit « un trait d’union puissant entre les villes ». Du côté de la préfecture de région, on assure que le contrat de développement contient des « axes de travail » qui resteront d’actualité.

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