30 mars 2014

Yèbles (77) : noire, musulmane et maire

SON VISAGE RAYONNE de fierté. Marieme Tamata-Varin, 32 ans, est la nouvelle maire (SE) de Yèbles, petit village de près de 700 habitants au nord-est de Melun (Seine-et-Marne). Alors que le 1 er tour des  a montré une forte poussée du  partout en , les membres de son conseil municipal, qui ont raflé les 15 sièges en jeu dimanche dernier, ont élu hier soir à l'unanimité cette femme noire et musulmane.
Une première : « Je n'ai pas vu d'autres cas dans l'Hexagone, confirme Louis-Georges Tin, le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran). Je crois malheureusement qu'elle est une exception. » « On a enfin réussi à bousculer les a priori, jubile la nouvelle édile de Yèbles. Les gens s'imaginaient que ce n'était pas possible. Mais si ! »

Une campagne virulente


Arrivée à Paris il y a quatorze ans pour y suivre des études de commerce international, cette Mauritanienne d'origine a quitté Courbevoie (Hauts-de-Seine), à la recherche d'espace, pour Yèbles, en 2004. Un an après s'être mariée à un Tahitien converti à l'islam. Leurs premiers pas dans ce village de Brie, terre plutôt fertile pour le FN, n'ont pas toujours été simples. « Les gens nous regardaient bizarrement », se rappelle cette maman d'une famille recomposée de quatre enfants. Déléguée de parents d'élèves, elle est approchée par le maire d'alors, en vue d'intégrer sa liste pour les municipales de 2008 : « Si j'ai été bénévole, c'est parce que j'avais envie de participer à la vie de la commune, assure celle qui a obtenu la nationalité française la même année. Je n'avais jamais envisagé de faire de la politique. »

Conseillère municipale, puis 2 e adjointe, elle s'est démenée afin de trouver les financements pour construire une école maternelle. Avant de se lancer en novembre dans la course à la mairie, après un ultime désaccord avec le maire. Celui-ci figurait sur la liste opposante, montée après sa déclaration de candidature : « Si j'avais été blonde aux yeux bleus, il n'y aurait pas eu de liste adverse, mais comme je suis noire et étrangère... » D'après elle, la campagne a été virulente, elle a même déposé une plainte en diffamation : « Le vrai racisme, à Yèbles, je l'ai vécu pendant la campagne, dit-elle. On a sali mon nom. Ça m'a fait beaucoup de mal. Mais je ne voulais pas être la victime. »

Dans le village, certains se cachent derrière des « sans commentaire » ou des « on n'y peut rien ». D'autres n'ont pas regardé sa couleur : « Je m'intéresse plus à son bilan et ses compétences qu'à sa religion », lance un habitant. « Son bilan parle pour elle », assure un autre.
Par Sébastien Blondé | LeParisien.fr – sam. 29 mars 2014 Le Parisien

Municipales, ce qui attend les maires après le second tour

 Dans un contexte inédit de réduction des dépenses publiques, les maires élus vont devoir mettre en place la réforme controversée des rythmes scolaires et convertir leur commune à la rigueur.
La Croix 30/3/14
Des dépenses à réduire 
 « Pendant la campagne, on m’a demandé lequel de mes six mandats avait été le plus difficile. J’ai répondu : le prochain ! » Pour André Laignel, maire PS d’Issoudun depuis 1977, l’anecdote n’est pas qu’une boutade. Selon le président du comité des finances locales, la période qui s’ouvre va être particulièrement difficile pour les équipes municipales élues hier. 
La baisse des dotations budgétaires de 1,5 milliard d’euros cette année et de 1,5 milliard l’année prochaine, annoncée par le gouvernement pourrait être amplifiée, voire prolongée jusqu’en 2017.

28 mars 2014

A Hénin-Beaumont, les fonctionnaires territoriaux sur le qui-vive

LOGO ELECTIONS 2014
«Les décisions importantes qui engagent notre ville ne sont plus débattues, ni votées en conseil municipal mais prises directement dans le bureau du directeur général des services » : lors de la campagne, le leader du FN à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Steeve Briois a ciblé le DGS de la ville, Philippe Thibaut.
« Le Front national est allé jusqu’à envoyer un courrier à chaque agent me mettant en cause. Ils ont fait comme si j’étais un homme politique et non pas un fonctionnaire.

11 mars 2014

Des solutions nouvelles pour mieux gérer les terres polluées


La première plate-forme fluviale de recyclage des terres polluées est en fonctionnement depuis peu à Sotteville-lès-Rouen (76). L’occasion de faire un point sur les avancées dans le domaine du traitement des sites et sols pollués. De la base de données TERRASS à l’outil interactif SelecDEPOL en passant par la « bourse aux terres », les nouveautés sont nombreuses depuis l’automne dernier.
La première particularité de cette nouvelle unité de traitement est d’être fixe, ce qui permet de traiter de plus gros volumes de terres que les unités mobiles qui s’installent sur chaque chantier de dépollution » explique Céline Blanc, chef de projet sites et sols pollués au BRGM, à propos de la nouvelle plate-forme de Sotteville-lès-Rouen.
Par S. Luneau La Gazette le 13/02/2014 

la dépollution des sites industriels dans la loi Alur

La réhabilitation des friches industrielles est une étape clé pour lutter contre l’étalement urbain. Pourtant, les démarches de dépollution des sols se heurtent à de nombreux obstacles. L’article 173 de la loi Alur va permettre de clarifier de nombreux points.
Par C. Le Gall La Gazette le 10/03/2014

Contrairement à certaines dispositions de la loi Alurl’article 173 a fait peu de bruit. Pourtant, il contient des avancées historiques en matière de dépollution des sites et des sols pour partir à la reconquête des sites industriels laissés à l’abandon.

10 mars 2014

Base revendicative du DAL pour les elections municipales 2014


1° Pour le DROIT A LA VILLE pour tous: arrêt des politiques de rénovation urbaine qui alimentent l’exclusion sociale,  favorisent la spéculation et chasse les couches populaires. Arrêt des plans ANRU, véritable Landru des quartiers HLM et anciens qui exclue des populations modestes.


2° Baisse de 20% des loyers et des charges  y compris en HLM et revalorisation des allocations logement.

2 mars 2014

Enquête dans le Monde sur la jeunesse

A la question « Est-ce que tu participerais à un mouvement de révolte type Mai 68 demain ou dans les prochains mois ? », ils sont 61 % à dire oui. Tous quasiment égaux dans la colère, femmes et hommes tirés d'affaire et jeunes en galère… 66 % des intérimaires. 63 % des chômeurs. 60 % des étudiants. Et même 54 % des employés en CDI !

« Les jeunes ne sont pas dans la résignation. Il y a une énergie latente, comme en 1968 », perçoit Cécile Van de Velde. En temps de crise, explique-t-elle, on peut adopter une stratégie d'adaptation au système (loyalty), de départ (exit), ou de révolte (voice). « ‘‘Loyalty'' pourrait bien se transformer en ‘‘voice'' si rien ne bouge… Il suffit d'une étincelle… » Et d'une figure cible. La chance des politiques jusqu'à présent ? Qu'il soit plus malaisé de se rebeller contre un ennemi lointain et abstrait – la finance, la mondialisation, l'Europe – que contre la génération de ses parents, comme en 1968.


L'autoportrait est sombre. Amenés à définir leur génération, ce sont les mots « sacrifiée » ou « perdue » qui leur viennent le plus souvent à l'esprit. A l'automne 2013, les jeunes de 18 à 34 ans étaient conviés par FranceTélévisions à répondre à un long questionnaire en ligne sur eux-mêmes et leur génération. 210 000 se sont pris au jeu de cette opération « Génération quoi ? ». Leurs 21 millions de réponses fournissent un matériau de recherche exceptionnel pour les deux sociologues de la jeunesse Cécile Van de Velde et Camille Peugny, maîtres de conférences respectivement à l'EHESS et à l'université Paris-VIII, qui ont contribué à concevoir le questionnaire. Ils en tirent aujourd'hui pour Le Monde les principaux enseignements, en se focalisant sur la tranche d'âge des 18-25 ans, centrale pour l'analyse.


La vie en noir

Interrogés sur leur devenir personnel, les jeunes répondants sont près des deux tiers à se déclarer plutôt ou très optimistes. En revanche, le regard qu'ils portent sur le destin de leur génération est extrêmement sombre. Vingt ans n'est pas le plus bel âge de la vie, pensent-ils majoritairement (à 51 %). Les mots-clés librement choisis pour définir leur génération sont édifiants : « sacrifiée », « perdue ». Et encore (après « Y », « Internet », « connectée »), « désabusée », « désenchantée », « galère »… « Autant ‘‘sacrifiée” est un terme qui a pu être induit par le discours des médias, analysent Cécile Van de Velde et Camille Peugny, autant ‘‘perdue” semble un choix spontané. » Donc révélateur.

Seuls 25 % des 18-25 ans ont la conviction que leur vie sera meilleure que celle de leurs parents. Ils sont 45 % à imaginer qu'elle sera pire, 29 % qu'elle sera semblable. Près d'un tiers (33 %) sont persuadés qu'ils ne connaîtront jamais autre chose que la crise. Quant à la vie de leurs propres enfants, 43 % pensent qu'elle sera encore pire que la leur. A toutes ces questions, les jeunes femmes répondent de façon encore plus pessimiste que leurs congénères masculins. « Ces pourcentages sont très élevés, sachant que les jeunes sont, dans la plupart des enquêtes, plus optimistes que leurs aînés. Ils le sont d'ailleurs dans cette enquête concernant leur avenir personnel,remarque M. Peugny. Ce qui apparaît ici, c'est le poids du discours de crise dans lequel nous baignons désormais, et le sentiment d'être pris dans une spirale du déclassement. »

Deux pondérations à apporter, selon lui, néanmoins. Les participants peuventavoir été tentés de « surjouer un discours noir et cynique, ce qui est une manière de conjurer le sort ». Surtout, cette génération est fortement clivée en fonction des parcours et des statuts, précaires ou non. Ce n'est pas une mais des jeunesses qui se dessinent. En passant des étudiants ou salariés en CDI aux chômeurs-intérimaires-inactifs, le pessimisme gagne 20 points. L'expérience du chômage affecte fortement la projection dans l'avenir. 


Un besoin de reconnaissance

« Les 18-25 ans qui ont participé font voler en éclats le mythe d'une société méritocratique » : voilà le second enseignement majeur de l'enquête, àentendre les deux sociologues. Près des trois quarts (70 %) d'entre eux ont le sentiment que la société française ne leur donne pas les moyens de montrerce dont ils sont capables. « C'est massif, et en forte progression. En 2006, ils étaient 53 % dans ce cas. »

Les jeunes se montrent très sévères sur le fonctionnement du système éducatif à la française. Récompense-t-il le mérite ? Non, à 61 %. Donne-t-il sa chance à tous ? Non, à 61 %. Logiquement, plus le statut du jeune est précaire, plus son opinion est négative. Des réponses lourdes de rancoeurs dans une société « où formation initiale et diplôme exercent une si forte emprise sur les parcours de vie ».

D'autant que dans la sphère professionnelle non plus, les jeunes n'ont pas l'impression que leurs mérites et efforts soient récompensés. 60 % des répondants ne se croient pas payés, par exemple, à la hauteur de leurs qualifications.

Dans cette enquête transparaît donc, selon Cécile Van de Velde, « une génération consciente, lucide, désillusionnée, selon laquelle les instruments de mobilité sociale ne fonctionnent pas ». « Les jeunes se sentent abandonnés par la société. Ils ne sont pas aux commandes de leur vie, ils subissent. Sont frustrés de ne pas pouvoir faire leurs preuves, montrer qui ils sont. » Pourréussir dans la vie, la moitié des répondants pense donc ne pouvoir compterque sur soi-même. « Les jeunes sont individualistes, libéraux, par dépit plus que par essence. » Puisque très majoritairement (77 %), ils estiment également que dans la vie, on ne peut pas s'en sortir sans solidarité.


La valeur travail

Les jeunes valorisent d'autant plus le travail qu'il leur échappe, un quart d'entre eux connaissant le chômage. Seule une toute petite frange le rejette, envisageant de vivoter en marge du système. 81 % des répondants disent que le travail est important dans leur vie. Et pas seulement pour gagner de l'argent. La moitié déclare que travailler sert avant tout à s'épanouir. « Qu'ils soient soucieux de l'équilibre vie privée-vie professionnelle ne veut pas direque la valeur travail se perd », commente Camille Peugny, pour qui rien n'est plus faux que les clichés sur une « génération feignasse » : « Impossible defaire une conférence sur les jeunes sans qu'un manager assure qu'à peine arrivés en entreprise, les jeunes ne s'intéressent qu'à leurs RTT. Platon déjà évoquait la décadence de la jeunesse, c'est un discours vieux comme le monde, lié au cycle de l'âge, à la difficulté à concevoir le changement apporté par les jeunes. »

A la question « Actuellement, es-tu épanoui dans ton travail ? », 62 % des 18-25 ans ont acquiescé. Mais la statistique chute à 43 % pour les intérimaires… L'enquête Génération quoi ? fournit le plus grand échantillon d'intérimaires jamais réuni (8 000 répondants dans cette situation), et leur « souffrance »saute aux yeux des sociologues. « Il faut sortir du discours sur l'intérim choisi. Ces jeunes veulent travailler davantage, ils ont le sentiment insupportable que leur destin est aux mains des autres, que leur sort dépend d'un coup de téléphone, ce qui interdit toute projection dans l'avenir. »


La tentation du départ

« T'installer à l'étranger, ça te tente ? » Evidemment oui, cela tente les trois quarts des participants à l'enquête. Inhérente à la jeunesse, cette envie d'allervoir ailleurs est plus que jamais valorisée dans la société. Mais 24 % des jeunes se sont reconnus dans une expression volontairement rageuse, hargneuse, qui leur était suggérée : « Dès que je peux, je me barre. » « Une réponse aux portes fermées pour tous les jeunes dans l'impasse, chômeurs, petits contrats, stagiaires… », à en croire les sociologues.


Famille, je t'aime

Toutes les questions portant sur les relations au sein de la famille suscitent des réponses unanimement positives. La famille apparaît plus que jamais comme la valeur refuge. S'ils doivent qualifier leurs relations avec les parents, 27 % des jeunes les décrivent comme « idéales », 53 % comme « cool », seuls 10 % les jugent « moyennes » ou « hypertendues ». Les parents, assurent-ils, sont fiers de leur parcours (89 %), les soutiennent dans leurs choix (91 %). Pour Camille Peugny, « les parents ont intériorisé le fait que la situation des jeunes est extrêmement difficile. Les quadras et quinquagénaires ont eux-mêmes connu la crise. Fini, les réflexions désagréables. Les deux générations sont solidaires dans la crise. Moralement et matériellement. »

Une bonne moitié des jeunes (53 %), même actifs, dit recevoir des aides parentales. Dans les familles, l'inquiétude est partagée. « Est-ce que tes parents sont angoissés par ton avenir ? » 63 % pensent que oui. Les réponses positives montent logiquement à 80 % pour les jeunes chômeurs ou inactifs. Mais atteignent tout de même 63 % chez les étudiants, et encore 47 % chez les jeunes en CDI. Même ce sésame recherché par tous ne parvient pas àapaiser l'anxiété familiale. « Cela rejoint les enquêtes sur les angoisses scolaires, la pression du diplôme, poursuit M. Peugny. Et cela montre que les parents sont parfois un brin schizophrènes : ce sont les mêmes qui, dans leurs fonctions en entreprise, ne sont guère pressés d'intégrer les jeunes dont ils ont une image peu flatteuse. »


La faute aux baby-boomers

Autre ambivalence, chez les jeunes cette fois : ils ne sont pas en conflit avec la génération parentale parce que les relations sont souples, les solidarités fortes. Mais cela ne les empêche pas d'en vouloir à leurs aînés de ne pas leurfaire de place dans la société. Pour un jeune sur deux, les générations précédentes sont responsables de leurs difficultés. « C'est assez nouveau en France, et l'on peut penser que cela monte, surtout chez les étudiants,observe Cécile Van de Velde. Le problème d'équité entre générations se conscientise, sans doute du fait de la politique d'austérité, de la réforme des retraites et des débats sur le poids de la dette. Les jeunes pensent qu'ils font les frais de tout cela. » Mais sur une même génération, leur regard est double. Les mêmes qui disent « Marre des baby-boomers, on paye pour leur retraite, nous on n'en aura pas » ne veulent surtout pas que la retraite de leurs parents soit amputée – c'est particulièrement frappant chez les jeunes filles. « Ce qui explique en partie pourquoi le mouvement des Indignés a si peu pris en France… »


La politique, ils n'y croient plus

Vis-à-vis d'elle, la défiance est énorme. Près de la moitié (46 %) des répondants n'ont pas du tout confiance dans les femmes et hommes politiques. Certes, ils sont encore plus nombreux à se méfier des institutions religieuses (60 %) Et presque aussi sceptiques à l'égard des médias (40 % de non-confiance) que des politiques.

Mais pour la moitié des 18-25 ans, c'est tout vu, les politiques sont « tous corrompus ». Ces derniers ont bien encore du pouvoir (64 % des réponses), mais l'utilisent mal, puisqu'ils laissent la finance diriger le monde (90 %). La charge est violente, aux yeux des deux sociologues : « Les jeunes expriment une demande d'Etat, en souhaitant par exemple que leur période de formation soit financée. Ils pensent que les politiques, s'ils en avaient le courage, pourraient avoir une influence sur leur vie. Mais qu'ils ont laissé la financeprendre le pouvoir. Il y a du mépris dans ce regard des jeunes. Ils n'y croient plus. »

Chez eux, jeunes diplômés en tête, le sentiment que droite et gauche se valent semble encore plus fort que dans l'ensemble de la population. « Ils font l'expérience de la désillusion politique. C'est la première fois qu'ils vivent la gauche au pouvoir. Et ils ont le sentiment que rien ne change pour eux. » Voilà qui poussera massivement à l'abstention, anticipent les chercheurs. « Ce sont des gens informés, qui ne se fichent pas de la politique, qui ont des habitudes participatives liées à l'usage des réseaux sociaux. Mais l'offre politique ne répond pas à leurs attentes. La démocratie ne s'adresse pas à eux. Ils n'iront pas voter mais ce sera une abstention politique, réfléchie, presque militante. »

S'ils critiquent au plus haut point la politique traditionnelle, les 18-25 ans s'engagent plus volontiers dans un militantisme de terrain : manifestations, associations, solidarités locales… Leur altruisme semble plus marqué que celui du reste de la population. 80 %, par exemple, seraient favorables à un service civique obligatoire. Autre valeur classique de la jeunesse, la tolérance demeure forte (70 % estiment que l'immigration est une source d'enrichissement culturel) mais semble s'éroder. « A l'image de ce qui se passe dans l'ensemble de la société, une grosse minorité campe sur des positions autoritaires et xénophobes. Une véritable bombe à retardement,craint Mme Van de Velde. Ce sont les jeunes invisibles, dans des vies d'impasse, perdants de la mondialisation. Beaucoup de ruraux et de périurbains, en difficulté, déclassés. Ils sont souvent tentés par le Front national. » Un tiers des répondants envisagent que des emplois puissent être réservés aux Français. 


Un vent de révolte

Une Cocotte-Minute qui n'aurait pas de soupape. Telle est l'inquiétante image choisie par les deux sociologues pour décrire le « fort potentiel de révolte »perçu au travers de cette vaste enquête. « C'est une génération qui veutentrer de plain-pied dans une société vieillissante. Elle enrage de piétiner à son seuil. Elle ne veut rien renverser, elle n'est pas en conflit de valeurs, mais elle trouve toutes les portes fermées, et elle envoie un avertissement. »


Besoin d'expression étouffé. 

Frustrations de ne pas avoir de place, de n'obtenir aucune reconnaissance sociale, de ne pouvoir devenir des citoyens à part entière, dotés d'un travail et d'un logement. Trajectoires déviées parce que l'emploi trouvé ne correspond pas aux études. Craintes pour l'avenir. Défiance vis-à-vis du politique… « Ce sentiment d'être privés de l'essentiel constitue un terreau fertile à la contestation. »

Jamais la jeunesse, en France, n'a été aussi éduquée. Lorsqu'ils sont chômeurs, stagiaires, coincés dans l'intérim, ces enfants de la démocratisation scolaire et de la mondialisation culturelle, extrêmement informés, vivent comme une indignité de devoir se contenter de survivre alors que leurs études ont fait naître de forts espoirs. D'où cette frustration existentielle et cette capacité à développer un discours de plus en plus critique sur l'épreuve sociale qu'ils traversent. « Un ‘‘nous'' pourrait se former,croient les sociologues, si les diplômés étaient rejoints par les jeunes en désespérance sociale. »


Lire notre reportage à Saumur :  Camille, 19 ans : « Les politiques ne changent pas notre vie »


Lire aussi : Les coulisses du succès de l'opération « Génération quoi ? »

Vers une fusion-absorption des départements par les métropoles

Dans le droit fil des déclarations en début d’année de François Hollande, le Gouvernement envisage de supprimer les conseils généraux sur le territoire des métropoles. Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France, reçue le 27 février 2014 à Matignon, n’a rien contre. Par J.-B. Forray  La Gazette le 27/02/2014
Les arbitrages du président de la République et du Premier ministre n’ont pas encore été pris, mais une première tendance se dessine.