initiatives municipales contre les "carences du privé", disent-ils, mais pas un mot des services publics …
AFP - 2/07/14
En Corrèze, sur le plateau de Millevaches, Sornac, 842 habitant: depuis quelques années, la bourgade tricote sans complexe son propre modèle de développement et lutte avec succès contre la désertification rurale et les "carences du privé", suscitant l'intérêt croissant des localités voisines.
A 80 km au nord de Tulle, Sornac accueille quelques entreprises et, surtout, la Fondation Chirac, qui prend en charge des adultes handicapés. « Tout ça, c’est de l’emploi, du commerce, du développement », égrène Jean-François Loge, maire divers droite qui tient à son étiquette de « chiraquien ».
Mais, en 2008, quand le pompiste annonce qu’il jette l’éponge faute de moyens suffisants pour la mise aux normes de sa petite station multi-services, un vent de panique souffle sur le conseil municipal. « On a commencé à voir un ballet de jerricans vers les communes voisines. Mais, quitte à faire 20 km, on a compris que les gens en profitaient pour faire leurs courses », résume Martine Chassaing, première adjointe.
« Il fallait bien qu’on se remonte les manches » - Et, au bout d’un an, confrontée aux fragiles et rares offres de reprise, la mairie décide de prendre les choses en mains. « Si l’on voulait préserver le confort des administrés, il fallait bien qu’on se remonte les manches », analyse l’édile, lui-même chef d’exploitation.
En 2010, une étude de faisabilité sur un terrain communal est lancée. Et moins de trois mois après et quelque 150.000 euros d’investissements, une station flambant neuve est inaugurée. L’essence y est à prix coûtant, « plus 0,05 centimes », explique Martine Chassaing.
Le service est imbattable. Olivier Lemor acquiesce. Chef d’entreprise dans le secteur forestier, il consomme beaucoup d’essence. Après la fermeture de la station, il négocie directement avec des fournisseurs pour faire rentrer sa propre consommation de gasoil. « Mais quand la station municipale s’est montée, j’ai arrêté tout net ». Le projet municipal lui a même donné des idées… Mi-juin, il a inauguré en face de la pompe à essence, qui accueillera bientôt une zone de vidange pour les caravanes, une station de lavage accessible aux gros véhicules.
Première micro-crèche de Corrèze - Les investissements, le maire ne les regrette pas un seul instant: « Le financement s’est fait sans impact sur les taxes locales, les gens l’utilisent et aujourd’hui, il y en a même qui font le déplacement parce que notre essence est moins chère! », s’amuse-t-il. Avec plus de 15 approvisionnements par an, pour au moins 500 m3 de carburant, la commune a même doublé le volume de vente de l’ancien pompiste.
Mais le maire n’entend pas s’arrêter là. Et ce qui n’était autrefois qu’un charmant petit village, lieu de villégiature pour cadres sup’, revit. « On a un solde démographique positif », claironne l’édile. « On a même doublé le nombre d’enfants inscrits à l’école depuis 2008″, renchérit sa première adjointe. La micro-crèche, mise au point par la municipalité – la première du genre en Corrèze – n’est sans doute pas étrangère à l’attrait soudain de la commune auprès des jeunes couples.
« A un moment, face aux carences du secteur privé, si on veut défendre notre qualité de vie, il faut bien se bagarrer », professe Jean-François Loge. Exemple: quand le médecin de Sornac a pris sa retraite, il est parti en personne chercher un nouveau praticien en Roumanie. La municipalité lui a fourni un cabinet tout neuf, installé dans l’ancienne trésorerie.
Charente, Auvergne, Creuse en visite - Des résultats plus que probants qui font des émules. « On est contacté régulièrement par des élus ruraux du département, mais aussi de la Charente, de l’Auvergne et de la Creuse, qui veulent venir voir comment on fait à Sornac », confesse le maire, qui ne compte pas s’arrêter là.
Fort de l’expérience réussie de la station-essence, surfant sur le succès de sa micro-crèche, il réfléchit sérieusement à acheter les locaux de la pharmacie et il est même en train de faire chiffrer le rachat de la boucherie laissée vacante, afin de faciliter l’installation d’un jeune artisan.
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