Gazette des communes - le 12/03/2014 • Mis à jour le 20/05/2014 • Par Arnaud Garrigues, Hugo Thérond
Les chiffres publiées par l’Observatoire régional des déchets d’Ile-de-France (Ordif) le 11 mars 2014 concernant la production des déchets ménagers franciliens font apparaitre une légère baisse (-1,7%) sur l'année 2012. Derrière cette évolution globale, se cachent une baisse constante des tonnages d'ordures ménagères et une faible hausse des déchets apportés en déchetteries.
A quelques journées d’intervalles, la publication de différents chiffres concernant la production de déchets ménagers est venue semer un trouble dans nos esprits.
D’un côté, l’annonce de la légère baisse (-1,7%) de la quantité de déchets ménagers et assimilés (DMA) collectés en région francilienne en 2012, annoncée le 11 mars 2014 par l’Observatoire régional des déchets d’Ile-de-France (Ordif), où il ressort que chaque habitant a produit 472 kg/an de DMA.
De l’autre, l’Ademe a publié son enquête nationale bi-annuelle(1) qui témoigne d’une augmentation de 3 % de la quantité des DMA collectés, pour atteindre désormais 590 kg/habitant/an.
Hausse constante en déchetterie - Comment interpréter ces signaux divergents, observés sur des territoires certes différents (Ile-de-France et territoire national) mais sur des années proches (2012 et 2011) ?
Explications avec Anaïs Bourbon, chef de projets à l’Ordif qui a supervisé l’étude sur la région francilienne : « il se trouve qu’en 2011, nous avions observé, comme le montre l’enquête nationale de l’Ademe, une hausse des DMA collectés. Cette hausse était liée à un volume plus important de déchets récupérés en déchetteries (passé de 60 à 66 kg/hab.) que la baisse régulière de la partie ordures ménagères résiduelles n’avait pas réussi à absorber ».
Explications avec Anaïs Bourbon, chef de projets à l’Ordif qui a supervisé l’étude sur la région francilienne : « il se trouve qu’en 2011, nous avions observé, comme le montre l’enquête nationale de l’Ademe, une hausse des DMA collectés. Cette hausse était liée à un volume plus important de déchets récupérés en déchetteries (passé de 60 à 66 kg/hab.) que la baisse régulière de la partie ordures ménagères résiduelles n’avait pas réussi à absorber ».
Ainsi, les tonnages de DMA collectés ont augmenté en Ile-de-France entre 2010 et 2011, passant de 475 kg/hab./an à 480 kg/hab./an, avant de baisser à nouveau, à 472 kg/hab./an, en 2012. La hausse constante des tonnages récupérés par les déchetteries s’explique par le nombre grandissant des installations en Ile-de-France et par la communication importante des communes franciliennes autour de la création de ces équipements. Les services ont également constaté que de nombreux professionnels s’étaient fait passer pour des ménages afin de ne pas payer pour les volumes déposés en déchetteries. « En 2012, on a observé un renforcement des conditions d’accès à ces installations et des volumes apportés, ce qui a conduit à une stagnation voire une légère baisse (-1 kg/hab) alors que le parc des déchetteries a dans le même temps continué à augmenter (170 sites en 2012 contre 167 en 2011) », explique Anaïs Bourbon.
Composition de la poubelle - 2012 aura donc marqué un retour à la baisse des DMA. Pour interpréter plus finement l’évolution de ces chiffres, il faut regarder la composition de la production des déchets des ménages franciliens et leur évolution depuis 2000 :
Une baisse constante depuis 12 ans - Pour Helder de Oliveira, directeur de l’Ordif, « les chiffres que nous venons de publier permettent de constater une baisse constante des ordures ménagères résiduelles qui constituent la part prépondérante (64 % en 2012) de la poubelle des franciliens, tandis que la partie « déchets occasionnels » (déchets verts, encombrants, déchetterie, DEEE, Dasri, textiles…) est en légère hausse mais pas assez pour entraîner une hausse du total des DMA ». Ainsi, en 12 ans, soit entre 2000 et 2012, les OMR ont été réduits de 94kg alors que dans le même temps la baisse des DMA a été à peu près trois fois moins importante (-34 kg).
« Nous observons une inversion de tendance depuis 2000, ajoute Anaïs Bourbon. Entre 1945 et 2000, les quantités de déchets ménagers ont été multipliées par deux, mais depuis 2000, les volumes diminuent légèrement chaque année. Cette évolution reste cependant difficile à analyser, car elle est liée à un ensemble de facteurs différents : la mobilisation politique sur la question des déchets, au niveau régional et communal, le développement du réemploi, des responsabilités élargies des producteurs (REP), l’impact potentiel de la crise économique, la prise de conscience des ménages, etc. »
Plus d’OMR dans Paris et la Petite couronne - Au sein de l’Ile-de-France, on observe des résultats différents, entre d’un côté les habitants de Paris et de la Petite couronne, et ceux de la Grande couronne. Les premiers, qui vivent en milieu urbain plus dense et dans un habitat plus vertical, jettent une part plus importante d’ordures ménagères résiduelles que ceux de la grande couronne : 321 kg/ hab contre 280 kg/hab :
L’Ordif pointe également l’effet certes léger mais notable des programmes locaux de prévention (PLP) lancés en 2009 par les collectivités franciliennes, avec le soutien de l’Ademe et du conseil régional. Ces programmes visent en effet à mettre en place des actions pour réduire les quantités de déchets produites. Début 2013, 65 collectivités franciliennes, qui représentent 76 % de la population régionale, étaient engagées dans de tels programmes. « Il est encore tôt pour évaluer l’impact de ces programmes en Ile-de-France, mais on constate que 80 % des collectivités engagées dans un PLP depuis 2009 ont enregistré une baisse de leur ratio de collecte des OMR contre 70 % en moyenne sur l’ensemble de la région », explique l’Ordif dans son communiqué.
« Prévenir la création de déchets, c’est doublement bon pour l’environnement, déclare Corinne Rufet, vice-présidente de la région Ile-de-France chargée de l’environnement, de l’agriculture et de l’énergie. La prévention permet premièrement d’économiser des matières premières, deuxièmement de réduire la consommation d’énergie et la pollution lié à l’incinération des déchets. La prévention permet de vivre mieux en produisant moins de déchets inutiles ». La région s’est fixée l’objectif, dans le cadre de son plan de réduction des déchets voté en 2011, d’atteindre une réduction de la production de déchets ménagers de 25 kg/an/hab en 2014 et de 50 kg/an/hab en 2019 (par rapport à 2005).
FOCUS
Plus de DMA collectés en valeur absolue
Comme nous l’avons vu, la quantité de déchets ménagers et assimilés (DMA) produits par habitant et par an en Ile-de-France a diminué entre 2000 et 2012. Mais si l’on regarde la quantité totale de DMA produite, on constate une légère hausse (moins de 1 %, soit 40 000 tonnes), le tonnage global passant de 5,58 à 5,62 millions de tonnes. Ceci est dû à l »augmentation de la population en Ile-de-France sur cette même période.
FOCUS
Traitement : un peu moins d’incinération, un peu plus de valorisation matière
Entre 2004 et 2012, on constate que les quantités de DMA orientées en incinération ont diminué de 3 points passant de 63% à 60%. La part de déchets orientés en centres de tri ou chez des repreneurs pour bénéficier d’une valorisation matière a en revanche progressé de 3 points passant de 12% à 15%. Les autres destinations de traitement n’ont pas évolué significativement sur cette période :
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