- « Le vendredi, les enfants sont fatigués » Professeur des écoles à St-Seurin (Gironde)
- Que de changements à digérer à l’école Hermel
- les chiffres
- édito : La gauche et les pendules
- « Organiser des activités lors de la pause méridienne, c’est une aberration » Chronobiologiste
Elise Veux : « Le vendredi, les enfants sont fatigués »
Professeur des écoles à Saint-Seurin-sur-l’Isle (Gironde)
V.M.-F. | Publié le 27 sept. 2013
« Changer de rythme, c’est difficile pour tout le monde », constate Elise Veux, 43 ans, qui a fait cette année sa 16e rentrée à l’école primaire de Saint-Seurin-sur-l’Isle (Gironde). Le passage à la semaine de 4,5 jours d’école s’est pourtant bien passé dans cette petite ville de 2 800 habitants, « en concertation avec la mairie », se félicite la prof.
Ici, les cours débutent à 8 h 45 et la matinée a été rallongée d’un quart d’heure, jusqu’à 12 h 15 (midi le mercredi). La classe reprend à 13 h 45 ou 14 h 5, et dure une heure quarante. Les activités périscolaires s’étalent ensuite de 15 h 45 à 17 heures : « Eveil musical, danse, multisport… c’est varié, juge l’enseignante, et c’est gratuit. » Cela n’a pas empêché les couacs. « Pour mieux prendre en compte le rythme de mes élèves de CP, j’ai dû réadapter l’emploi du temps parce que la dernière demi-heure du matin était difficile. Les enfants ont des coups de fatigue. Maintenant, je propose des activités artistiques à ce moment-là. » Changement aussi le vendredi : « Les enfants sont plus fatigués car ils sont mobilisés tout au long de la semaine, constate Elise, et ils ont des journées chargées. Ils ne sont pas libres à 15h45, ils sont encore sollicités. Cela aurait peut-être été mieux qu’ils aillent taper un foot… » s’interroge-t-elle. Résultat : « Je ne fais plus d’apprentissages nouveaux le vendredi. » La maîtresse a également dû adopter des séquences de cours plus courtes : « Trente à trente-cinq minutes au lieu de quarante auparavant. Mais il y en a davantage grâce à la demi- journée supplémentaire du mercredi, apprécie-t-elle. Et on peut travailler en petits groupes. » Pour les activités périscolaires aussi, il a fallu faire des recadrages : 60 enfants sur 230 étaient inscrits avant la rentrée, ils sont finalement 200 à participer!
Ce recadrage, ça a été le casse-tête de sa consœur Nicole Laporte, directrice d’école à Bazas (4300 habitants), plus au sud de la Gironde. A la tête d’un établissement de 340 élèves (280 sont inscrits aux activités périscolaires), elle aussi a travaillé main dans la main avec la municipalité. « Notre projet a demandé beaucoup d’heures de travail, de réflexion, puis de coordination », relate Nicole. Ici, les élèves ont trois heures quarante-cinq de classe le matin et une heure vingt l’après-midi. Les activités périscolaires débutent à 15 h 5 et durent une heure. Elles se partagent entre de l’aide personnalisée, des études surveillées, des activités pédagogiques liées au projet d’école et des ateliers, art et culture, sciences et techniques et vivre ensemble. « Après la rentrée, pour caler cette organisation énorme, on a dû faire des réajustements pendant trois semaines. Les parents ont été conciliants, car ce n’était pas facile, ce sont eux qui s’adaptent à nos changements. » Nicole aperçoit aujourd’hui le bout du tunnel et « espère des retombées sur les élèves, sur leurs résultats ».
V.M.-F. | Publié le 27 sept. 2013
« Changer de rythme, c’est difficile pour tout le monde », constate Elise Veux, 43 ans, qui a fait cette année sa 16e rentrée à l’école primaire de Saint-Seurin-sur-l’Isle (Gironde). Le passage à la semaine de 4,5 jours d’école s’est pourtant bien passé dans cette petite ville de 2 800 habitants, « en concertation avec la mairie », se félicite la prof.
Ici, les cours débutent à 8 h 45 et la matinée a été rallongée d’un quart d’heure, jusqu’à 12 h 15 (midi le mercredi). La classe reprend à 13 h 45 ou 14 h 5, et dure une heure quarante. Les activités périscolaires s’étalent ensuite de 15 h 45 à 17 heures : « Eveil musical, danse, multisport… c’est varié, juge l’enseignante, et c’est gratuit. » Cela n’a pas empêché les couacs. « Pour mieux prendre en compte le rythme de mes élèves de CP, j’ai dû réadapter l’emploi du temps parce que la dernière demi-heure du matin était difficile. Les enfants ont des coups de fatigue. Maintenant, je propose des activités artistiques à ce moment-là. » Changement aussi le vendredi : « Les enfants sont plus fatigués car ils sont mobilisés tout au long de la semaine, constate Elise, et ils ont des journées chargées. Ils ne sont pas libres à 15h45, ils sont encore sollicités. Cela aurait peut-être été mieux qu’ils aillent taper un foot… » s’interroge-t-elle. Résultat : « Je ne fais plus d’apprentissages nouveaux le vendredi. » La maîtresse a également dû adopter des séquences de cours plus courtes : « Trente à trente-cinq minutes au lieu de quarante auparavant. Mais il y en a davantage grâce à la demi- journée supplémentaire du mercredi, apprécie-t-elle. Et on peut travailler en petits groupes. » Pour les activités périscolaires aussi, il a fallu faire des recadrages : 60 enfants sur 230 étaient inscrits avant la rentrée, ils sont finalement 200 à participer!
Ce recadrage, ça a été le casse-tête de sa consœur Nicole Laporte, directrice d’école à Bazas (4300 habitants), plus au sud de la Gironde. A la tête d’un établissement de 340 élèves (280 sont inscrits aux activités périscolaires), elle aussi a travaillé main dans la main avec la municipalité. « Notre projet a demandé beaucoup d’heures de travail, de réflexion, puis de coordination », relate Nicole. Ici, les élèves ont trois heures quarante-cinq de classe le matin et une heure vingt l’après-midi. Les activités périscolaires débutent à 15 h 5 et durent une heure. Elles se partagent entre de l’aide personnalisée, des études surveillées, des activités pédagogiques liées au projet d’école et des ateliers, art et culture, sciences et techniques et vivre ensemble. « Après la rentrée, pour caler cette organisation énorme, on a dû faire des réajustements pendant trois semaines. Les parents ont été conciliants, car ce n’était pas facile, ce sont eux qui s’adaptent à nos changements. » Nicole aperçoit aujourd’hui le bout du tunnel et « espère des retombées sur les élèves, sur leurs résultats ».
Que de changements à digérer à l’école Hermel
Sophie Boutboul | Publié le 27 sept. 2013
Il est 11 h 20. En ce troisième mercredi de septembre, les parents viennent chercher leurs enfants à l’école élémentaire Hermel, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Depuis la rentrée, les élèves de cet établissement aux murs de brique ont cours le mercredi et peuvent profiter d’activités les mardis et vendredis après-midi s’ils le désirent. Devant la porte cochère, le débat s’installe. Alors, ces nouveaux rythmes scolaires, c’est mieux qu’avant?
Premier grand changement : il faut se lever tôt un jour de plus. Ce n’est pas un problème pour les deux filles de Fati. Elles sont « plutôt du matin » et leur mère, assistante maternelle, aussi : « De toute façon, je me lève pour les enfants que je garde », explique-t-elle en ajoutant : « Les petites préfèrent l’école au centre de loisirs, alors tout va bien. » Toutefois, ce sentiment est loin d’être partagé par tous les parents présents à la sortie de l’école.
Florence, 41 ans, maman de Matao et Mari, respectivement en CE 1 et CM 2, pointe un « rythme fatigant ». « Ils se lèvent plus tôt le mercredi, ils enquillent les activités, ils n’ont plus de coupure après deux jours de travail, c’est incohérent! » « C’est dur car on est obligés de faire nos devoirs le mardi soir », appuie sa fille Mari, petite blonde de 10 ans. Elle et son frère Matao, 7 ans, participent au parcours périscolaire uniquement le vendredi.
Marie, la maman de Romane, 9 ans, regrette, elle, qu’on lui retire « le lien affectif précieux créé par la journée entière parent-enfant du mercredi ». Elle s’inquiète aussi d’un changement difficile à accepter dans le monde du travail : « Prendre son mercredi était acquis au niveau des employeurs, justifier un départ avant 15 heures le mardi ou le vendredi pour être à la sortie de l’école sera beaucoup plus compliqué. » Bref, « ce rythme est valable dans le meilleur des mondes, un monde où les parents ne travaillent pas ». Compliquée aussi, la gestion du nouvel emploi du temps de la timide Romane qui a dû déplacer son cours de danse dans un centre privé le vendredi de 19 h 30 à 21 heures au lieu du mercredi.
Raphaël, petit bonhomme de 6 ans aux yeux bleus éclatants, a inclus le hip-hop dans son parcours périscolaire tous les mardis : « Le premier cours était bien, on pouvait inventer une danse », s’amuse-t-il. En revanche, il a complètement oublié ce qu’il a choisi le vendredi après-midi. « Je viens de te le dire, c’est jeux de société! » lui lance en souriant son père, David. Le papa de 44 ans est favorable à la réforme : « C’est encore un peu le bazar, mais les enfants sont bien pris en main. A Paris, on est bien lotis, les activités sont encadrées par des associations implantées dans le quartier depuis longtemps. » David confie qu’il aurait même préféré des cours le samedi matin, « un jour plus cool pour les parents, pour faire connaissance à la sortie ».
Un point fait tout de même la quasi-unanimité : « C’est le début et on sait que c’est difficile à mettre en place », concède Florence, approuvée par les mamans et quelques papas autour d’elle.
Il est 11 h 20. En ce troisième mercredi de septembre, les parents viennent chercher leurs enfants à l’école élémentaire Hermel, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Depuis la rentrée, les élèves de cet établissement aux murs de brique ont cours le mercredi et peuvent profiter d’activités les mardis et vendredis après-midi s’ils le désirent. Devant la porte cochère, le débat s’installe. Alors, ces nouveaux rythmes scolaires, c’est mieux qu’avant?
Premier grand changement : il faut se lever tôt un jour de plus. Ce n’est pas un problème pour les deux filles de Fati. Elles sont « plutôt du matin » et leur mère, assistante maternelle, aussi : « De toute façon, je me lève pour les enfants que je garde », explique-t-elle en ajoutant : « Les petites préfèrent l’école au centre de loisirs, alors tout va bien. » Toutefois, ce sentiment est loin d’être partagé par tous les parents présents à la sortie de l’école.
Florence, 41 ans, maman de Matao et Mari, respectivement en CE 1 et CM 2, pointe un « rythme fatigant ». « Ils se lèvent plus tôt le mercredi, ils enquillent les activités, ils n’ont plus de coupure après deux jours de travail, c’est incohérent! » « C’est dur car on est obligés de faire nos devoirs le mardi soir », appuie sa fille Mari, petite blonde de 10 ans. Elle et son frère Matao, 7 ans, participent au parcours périscolaire uniquement le vendredi.
Marie, la maman de Romane, 9 ans, regrette, elle, qu’on lui retire « le lien affectif précieux créé par la journée entière parent-enfant du mercredi ». Elle s’inquiète aussi d’un changement difficile à accepter dans le monde du travail : « Prendre son mercredi était acquis au niveau des employeurs, justifier un départ avant 15 heures le mardi ou le vendredi pour être à la sortie de l’école sera beaucoup plus compliqué. » Bref, « ce rythme est valable dans le meilleur des mondes, un monde où les parents ne travaillent pas ». Compliquée aussi, la gestion du nouvel emploi du temps de la timide Romane qui a dû déplacer son cours de danse dans un centre privé le vendredi de 19 h 30 à 21 heures au lieu du mercredi.
Raphaël, petit bonhomme de 6 ans aux yeux bleus éclatants, a inclus le hip-hop dans son parcours périscolaire tous les mardis : « Le premier cours était bien, on pouvait inventer une danse », s’amuse-t-il. En revanche, il a complètement oublié ce qu’il a choisi le vendredi après-midi. « Je viens de te le dire, c’est jeux de société! » lui lance en souriant son père, David. Le papa de 44 ans est favorable à la réforme : « C’est encore un peu le bazar, mais les enfants sont bien pris en main. A Paris, on est bien lotis, les activités sont encadrées par des associations implantées dans le quartier depuis longtemps. » David confie qu’il aurait même préféré des cours le samedi matin, « un jour plus cool pour les parents, pour faire connaissance à la sortie ».
Un point fait tout de même la quasi-unanimité : « C’est le début et on sait que c’est difficile à mettre en place », concède Florence, approuvée par les mamans et quelques papas autour d’elle.
LES CLÉS
1,3 million d’enfants de maternelle et de primaire sont passés à la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013. La réforme concerne donc un peu plus d’un écolier sur cinq dans 4000 communes (17% de l’ensemble des communes).
28 municipalités sur 4 000 ont décidé d’opter pour le samedi matin comme demi-journée travaillée en plus. Les 3972 autres ont choisi le mercredi matin.
90% des écoliers parisiens, soit 130000 enfants, sont inscrits aux activités facultatives du mardi et du vendredi après-midi, selon les premiers relevés.
Environ 250 des 8 000 activités prévues dans la capitale ne verront pas le jour à cause de l’abandon d’associations partenaires.
18 membres composent le comité de suivi des rythmes scolaires mis en place en avril par le ministère de l’Education nationale, dont le pédopsychiatre Marcel Rufo, le chronobiologiste François Testu, des élus, les représentants des parents (FCPE et PEEP), des représentants de la branche famille, des associations partenaires des écoles et des enseignants.
L’ÉDITO La gauche et les pendules
1,3 million d’enfants de maternelle et de primaire sont passés à la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013. La réforme concerne donc un peu plus d’un écolier sur cinq dans 4000 communes (17% de l’ensemble des communes).
L’ÉDITO La gauche et les pendules
Matthieu Croissandeau | Publié le 27 sept. 2013, 07h00
La gauche a décidément du mal avec les horaires ! Il y a quinze ans, elle chamboulait le temps de travail dans les entreprises avec la réforme des 35 heures. Aujourd’hui, la voilà qui tente de remettre les pendules à l’heure dans les salles de classe, avec la réforme des rythmes scolaires. Deux mesures censées améliorer la vie des gens sur le papier, mais qui ont, dans les faits, bouleversé nos habitudes et notre quotidien. Ironie du sort, la réforme Peillon semblait pourtant bien engagée. Il y a quelques mois encore, la semaine de 4,5 jours recueillait en effet les faveurs des associations de parents d’élèves, des syndicats enseignants, de l’Académie de médecine et même de… la droite qui tente aujourd’hui de surfer sur les mécontentements. Oui, mais voilà, un mois après la rentrée, de premiers signaux d’alerte apparaissent : coût élevé, encadrement parfois défaillant, activités périscolaires inégales. Pire, les enfants semblent même plus fatigués. Alors, s’il est sans doute trop tôt pour dresser un bilan complet, il n’est jamais trop tard pour procéder aux ajustements nécessaires.
Matthieu Croissandeau | Publié le 27 sept. 2013, 07h00
La gauche a décidément du mal avec les horaires ! Il y a quinze ans, elle chamboulait le temps de travail dans les entreprises avec la réforme des 35 heures. Aujourd’hui, la voilà qui tente de remettre les pendules à l’heure dans les salles de classe, avec la réforme des rythmes scolaires. Deux mesures censées améliorer la vie des gens sur le papier, mais qui ont, dans les faits, bouleversé nos habitudes et notre quotidien. Ironie du sort, la réforme Peillon semblait pourtant bien engagée. Il y a quelques mois encore, la semaine de 4,5 jours recueillait en effet les faveurs des associations de parents d’élèves, des syndicats enseignants, de l’Académie de médecine et même de… la droite qui tente aujourd’hui de surfer sur les mécontentements. Oui, mais voilà, un mois après la rentrée, de premiers signaux d’alerte apparaissent : coût élevé, encadrement parfois défaillant, activités périscolaires inégales. Pire, les enfants semblent même plus fatigués. Alors, s’il est sans doute trop tôt pour dresser un bilan complet, il n’est jamais trop tard pour procéder aux ajustements nécessaires.
Des agents au bord de la crise de nerfs
Solenne Durox | Publié le 27 sept. 2013, 07h00
Pour de nombreux agents municipaux, la mise en place des nouveaux temps d’activités périscolaires (TAP) se fait dans la douleur. A Angers (Maine-et-Loire), les syndicats décrivent « une situation d’urgence ». Trente des 130 animateurs ont démissionné.
A Quimper (Finistère), la mairie a sous-estimé la fréquentation des TAP de 15 h 45 à 16 h 30. Résultat : les agents seraient complètement dépassés, incapables de proposer aux élèves des ateliers thématiques, faute de matériel et de personnel. « Dans certaines écoles, 2 agents organisent les sorties de plus de 70 enfants. Comment voulez-vous qu’ils vérifient l’identité des personnes qui viennent les chercher? » s’indigne Brigitte Kerninon, secrétaire adjointe de la section CFDT qui appelle à un débrayage mardi. La municipalité, qui reconnaît un « malaise », reçoit aujourd’hui les syndicats. Elle a déjà procédé à des ajustements et ajoutera 260 000 € au budget initial de 600 000 €. « Nous avons mis du personnel supplémentaire dans les écoles et accordé aux animateurs plus de temps pour préparer leurs activités. Nous n’avons que trois semaines de recul. Donnons-nous du temps », plaide Denise Cariou, adjointe chargée de l’enfance.
Claire Leconte : « Organiser des activités lors de la pause méridienne, c’est une aberration »
Chronobiologiste
V.M.-F. | Publié le 27 sept. 2013
La chronobiologiste Claire Leconte accompagne une dizaine de villes pour le passage aux nouveaux rythmes scolaires en 2014. Elle a aussi visité quelque 150 autres communes qui l’ont consultée avant cette rentrée 2013. Et elle se montre très critique sur la façon dont est mise en place la réforme.
Quels premiers enseignements tirez-vous de la mise en place des rythmes scolaires ?
CLAIRE LECONTE. La plupart des communes où je suis intervenue ont jugé qu’il était inutile de partir à la va-vite et ont préféré attendre 2014.Mais, dans beaucoup de cas, cela a été précipité. Il manque alors un travail de fond sur la qualité des activités proposées aux enfants. Il aurait fallu du temps pour former les animateurs recrutés. Il n’y a pas eu de réflexion sur la façon de revoir les temps scolaires. De manière générale, l’Education nationale ne s’est pas approprié ce changement. Là, on ne fait rien d’autre que de proposer des emplois du temps réaménagés à la marge. Il y avait déjà la semaine de 4,5 jours avant 2008 et les écoles françaises n’étaient pas bien placées.
Des parents, des professeurs disent que les enfants sont déjà fatigués, notamment en maternelle…
Mercredi, un papa m’a appelée à l’aide, demandant un argument scientifique face au maire qui a allongé la pause méridienne, comme dans beaucoup d’écoles, et qui ne voulait rien changer parce que ça coûte moins cher. Mais organiser des activités périscolaires sur ce temps-là, c’est une aberration totale. La sieste doit suivre immédiatement le repas. C’est le moment où la vigilance physiologique est au plus bas, il y a un besoin de somnolence réel, et pour tout le monde. Toute activité à ce moment-là est très fatigante. Si, au lieu de se reposer, les enfants sont en récréation, ce qui se passe dans la plupart des cas, ils s’énervent, s’épuisent et ne peuvent plus dormir ensuite.
Quels sont selon vous les bons rythmes ?
Il faut cinq matinées de quatre heures pour tous les enfants, car cela permet de prendre son temps. Les petits ne sont plus sous la pression, on ne leur dit plus : « Dépêche-toi ! » Il faut ensuite deux après-midi avec deux heures de classe et deux autres avec deux heures de parcours éducatifs. Ces parcours, il faut les regrouper plutôt que les émietter, comme c’est souvent le cas. Plus il y a de changement d’activités, plus c’est difficile et c’est source de fatigue pour les enfants. Et ce ne sont pas forcément les activités les plus coûteuses qui permettent de développer l’intérêt chez les enfants. On peut simplement leur faire découvrir les lieux de vie de leur quartier, aller à la bibliothèque, mais pour cela il faut du temps.
A quoi doivent veiller les parents ?
Ils doivent beaucoup travailler sur la régularité du rythme veille-sommeil des enfants tout au long de la semaine et éviter les couchers tardifs le week-end.
Quels premiers enseignements tirez-vous de la mise en place des rythmes scolaires ?
CLAIRE LECONTE. La plupart des communes où je suis intervenue ont jugé qu’il était inutile de partir à la va-vite et ont préféré attendre 2014.Mais, dans beaucoup de cas, cela a été précipité. Il manque alors un travail de fond sur la qualité des activités proposées aux enfants. Il aurait fallu du temps pour former les animateurs recrutés. Il n’y a pas eu de réflexion sur la façon de revoir les temps scolaires. De manière générale, l’Education nationale ne s’est pas approprié ce changement. Là, on ne fait rien d’autre que de proposer des emplois du temps réaménagés à la marge. Il y avait déjà la semaine de 4,5 jours avant 2008 et les écoles françaises n’étaient pas bien placées.
Des parents, des professeurs disent que les enfants sont déjà fatigués, notamment en maternelle…
Mercredi, un papa m’a appelée à l’aide, demandant un argument scientifique face au maire qui a allongé la pause méridienne, comme dans beaucoup d’écoles, et qui ne voulait rien changer parce que ça coûte moins cher. Mais organiser des activités périscolaires sur ce temps-là, c’est une aberration totale. La sieste doit suivre immédiatement le repas. C’est le moment où la vigilance physiologique est au plus bas, il y a un besoin de somnolence réel, et pour tout le monde. Toute activité à ce moment-là est très fatigante. Si, au lieu de se reposer, les enfants sont en récréation, ce qui se passe dans la plupart des cas, ils s’énervent, s’épuisent et ne peuvent plus dormir ensuite.
Quels sont selon vous les bons rythmes ?
Il faut cinq matinées de quatre heures pour tous les enfants, car cela permet de prendre son temps. Les petits ne sont plus sous la pression, on ne leur dit plus : « Dépêche-toi ! » Il faut ensuite deux après-midi avec deux heures de classe et deux autres avec deux heures de parcours éducatifs. Ces parcours, il faut les regrouper plutôt que les émietter, comme c’est souvent le cas. Plus il y a de changement d’activités, plus c’est difficile et c’est source de fatigue pour les enfants. Et ce ne sont pas forcément les activités les plus coûteuses qui permettent de développer l’intérêt chez les enfants. On peut simplement leur faire découvrir les lieux de vie de leur quartier, aller à la bibliothèque, mais pour cela il faut du temps.
A quoi doivent veiller les parents ?
Ils doivent beaucoup travailler sur la régularité du rythme veille-sommeil des enfants tout au long de la semaine et éviter les couchers tardifs le week-end.
Des nouveaux rythmes bien difficiles à prendre
Hier, le président de l’UMP a demandé le report de la généralisation de la semaine de 4,5 jours. Une réforme qui est loin de faire l’unanimité.
Véronique Maribon-Ferret | Publié le 27 sept. 2013
Les nouveaux rythmes scolaires, c’est épuisant! Les parents, qui peinaient déjà à comprendre leur fonctionnement, trouvent, moins d’un mois après la rentrée, leurs enfants bien fatigués. Le problème, c’est que ce passage à 4,5 jours d’école au lieu de 4 était censé mieux répartir les temps d’apprentissage et alléger le travail quotidien. Quatre mille communes et 1,3 million enfants concernés tentent à peine de s’adapter que, hier, leprésident de l’UMP, Jean-François Copé, a demandé « officiellement » au ministre de l’Education « un report de la réforme des rythmes scolaires » qui doit s’appliquer dans toutes les écoles en 2014. Argument avancé : elle est « intenable sur le plan financier ».
Les premiers états des lieux de la mise en place de cette réforme du temps de l’école ne sont pourtant pas tous « catastrophiques », selon le mot employé par le Snuipp de Paris (principal syndicat d’enseignants du premier degré), pour qualifier la mise en place des nouveaux rythmes dans la capitale. Au niveau national, le syndicat, qui va lancer un observatoire sur Internet, juge qu’il y a des choses « intéressantes » tout autant que des déceptions dans certaines villes où, « entre le discours et la mise en place des activités périscolaires, il y a un fossé et même une tromperie sur la marchandise ». Classée à gauche, la Fédération de parents d’élèves FCPE, qui faisait hier un point sur la rentrée, relève aussi des mises en place de la réforme « très différentes d’un endroit à l’autre. 75% des petits problèmes ont été réglés, décrit le président, Paul Raoult. Mais il faudra voir sur le long terme. Globalement, ce n’est pas si mal alors qu’on nous avait prédit le pire. » Pas si mal, mais « il faut revoir la copie pour les maternelles, tacle-t-il. Cette réforme a été pensée globalement, sans faire de différence entre école primaire et école maternelle. Il faut penser les rythmes en fonction de l’âge des enfants. On ne peut pas réveiller un petit de 3 ans au milieu de la sieste pour lui faire faire des activités ou le changer de salle, comme on nous l’a rapporté. Là, on marche sur la tête. »
« Les maternelles, évidemment, c’est un public spécifique. Nous avons répété qu’il fallait veiller à ne pas les suroccuper », plaide Françoise Moulin-Civil, rectrice de l’académie de Lyon et présidente du comité national de suivi de la réforme des rythmes scolaires. Elle demande du temps au temps : « Tout changement d’organisation génère des temps d’adaptation. » Elle compte aussi sur les bons exemples pour inspirer les villes qui passeront aux nouveaux rythmes en 2014 : « Il y a vraiment des projets ambitieux et pertinents et il faudra en faire la publicité. »
A condition que toutes les communes aient envie de suivre alors que se profilent les municipales. Hier, dans le sillage de Copé, le maire UMP d’Elancourt (Yvelines), Jean-Michel Fourgous, a lancé une pétition baptisée « Reporter la réforme des rythmes scolaires en France ».
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