Une campagne virulente
Arrivée à Paris il y a quatorze ans pour y suivre des études de commerce international, cette Mauritanienne d'origine a quitté Courbevoie (Hauts-de-Seine), à la recherche d'espace, pour Yèbles, en 2004. Un an après s'être mariée à un Tahitien converti à l'islam. Leurs premiers pas dans ce village de Brie, terre plutôt fertile pour le FN, n'ont pas toujours été simples. « Les gens nous regardaient bizarrement », se rappelle cette maman d'une famille recomposée de quatre enfants. Déléguée de parents d'élèves, elle est approchée par le maire d'alors, en vue d'intégrer sa liste pour les municipales de 2008 : « Si j'ai été bénévole, c'est parce que j'avais envie de participer à la vie de la commune, assure celle qui a obtenu la nationalité française la même année. Je n'avais jamais envisagé de faire de la politique. »
Conseillère municipale, puis 2 e adjointe, elle s'est démenée afin de trouver les financements pour construire une école maternelle. Avant de se lancer en novembre dans la course à la mairie, après un ultime désaccord avec le maire. Celui-ci figurait sur la liste opposante, montée après sa déclaration de candidature : « Si j'avais été blonde aux yeux bleus, il n'y aurait pas eu de liste adverse, mais comme je suis noire et étrangère... » D'après elle, la campagne a été virulente, elle a même déposé une plainte en diffamation : « Le vrai racisme, à Yèbles, je l'ai vécu pendant la campagne, dit-elle. On a sali mon nom. Ça m'a fait beaucoup de mal. Mais je ne voulais pas être la victime. »
Dans le village, certains se cachent derrière des « sans commentaire » ou des « on n'y peut rien ». D'autres n'ont pas regardé sa couleur : « Je m'intéresse plus à son bilan et ses compétences qu'à sa religion », lance un habitant. « Son bilan parle pour elle », assure un autre.
Par Sébastien Blondé | LeParisien.fr – sam. 29 mars 2014 Le Parisien
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