12 décembre 2013

On continue à construire dans les zones inondables

Plusieurs articles du Parisien (novembre et décembre) sur les risques d'inondations en Ile-de-France - quasiment rien sur les sites Seveso en zone inondable par exemple à Nanterre et Gennevilliers.



Voie Georges-Pompidou, Paris (IVe), hier matin. La Seine est montée à 3,53 m ces jours-ci, un niveau habituellement atteint à la mi-décembre. Par mesure de précaution, les berges ont été fermées entre les Tuileries et le pont de l’Arsenal.
Voie Georges-Pompidou, Paris (IVe), le 12 novembre (LP/Ph.B.)
En Seine-et-Marne et en Essonne, plus de 36 000 logements sont potentiellement exposés aux  par débordement. A , 107 700 peuvent être concernés. Si les dispositifs mis en place par la Ville de Paris peuvent théoriquement protéger d’inondations jusqu’au niveau de la crue de 1910, les départements limitrophes sont plus vulnérables. Le Val-de-Marne serait le territoire le plus menacé avec 123000 logements concernés. C’est ce qu’affirme l’Institut d’aménagement et d’urbanisme, un bureau d’études du conseil régional, dans un rapport publié hier.

On continue à construire dans les zones inondables

En cas de grande crue en Ile-de-France, 850 000 personnes seraient victimes des inondations. Pourtant, les constructions se poursuivent dans les zones exposées.

Lucile Métout | Publié le 11 déc. 2013










En Ile-de-, plus de 430 000 logements sont directement menacés par la montée des eaux en cas de grande crue. Autrement dit, si le lit de la Seine venait à déborder comme en 1910, 8% de l’habitat francilien serait inondé et 850000 personnes auraient les pieds dans l’eau. C’est ce que révèle l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de- (IAU), un bureau d’études du conseil régional, dans sa dernière note*.

Pourtant, architectes et promoteurs ne cessent de convoiter les bords de Seine, de la Marne et de l’Oise. En l’espace de trente ans, de 1980 à 2009, 100000 nouveaux logements ont été bâtis en zone inondable. « Et le rythme des chantiers s’accélère, souligne Ludovic Faytre, responsable de l’enquête. Il a été particulièrement soutenu au  de la dernière décennie. » Ainsi, les zones inondables franciliennes se sont chargées de 38000 logements supplémentaires entre 2000 et 2009, contre 36000 pour la décennie 1990, et 26100 pour la précédente.

123 000 logements menacés rien que dans le Val-de-Marne

Le Val-de-Marne a accueilli, à lui seul, un quart des constructions opérées dans des secteurs à risques ces trente dernières années. Arrosé par la Seine et la Marne, il est d’ailleurs le territoire le plus menacé d’Ile-de-France, avec plus de 123000 logements en zone inondable, devant Paris (107700) et les Hauts-de-Seine (94450). Beaucoup moins exposée au fleuve, la Seine-Saint-Denis n’est concernée qu’à hauteur de 11700 logements. En grande couronne, ce sont la Seine-et-Marne et l’Essonne qui présentent le plus de risques, avec pour chacune plus de 36000 logements menacés.

La crue de 1910 avait vu la Seine monter de 8,68 m. Selon la note de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme, les ouvrages de protection développés par la ville de Paris, depuis, peuvent théoriquement protéger d’une inondation semblable. Mais le reste de l’agglomération paraît « beaucoup plus vulnérable ». L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime qu’une telle crue « impacterait cinq millions de citoyens et de nombreuses entreprises », représentant un tiers de l’activité économique du pays. De son côté, Ludovic Faytre avance qu’une inondation majeure en Ile-de-France causerait 17 à 20 Mds€ de dommages directs, imputés pour moitié à l’habitat.

* http://www.iau-idf.fr. 


Romain Marchand : « Nous ne sommes pas des hors-la-loi »

Adjoint au développement urbain à la mairie d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)


L.M. | Publié le 11 déc. 2013, 07h00
De nouvelles écoles, 5600 logements, des activités économiques sur 650000 m2 : la ZAC Ivry-Confluences, dont le chantier a débuté l’an dernier, est l’un des plus grands projets d’aménagement d’Ile-de-. Il aura redessiné un quart de la ville d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) à l’horizon 2025. Pourtant, ce nouveau quartier repose intégralement sur une zone inondable de 145 ha, au  de la Seine et de la Marne. Mais la mairie, copilote de l’opération, refuse d’être pointée du doigt. « Nous ne sommes pas des hors-la-loi. Bâtir en zone inondable est autorisé si l’on respecte un cahier des charges très contraignant », assure Romain Marchand, adjoint au développement urbain.

Les rez-de-chaussée ne seront pas habités

La mairie rappelle que « tous les permis de construire sont certifiés conformes au Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI). » Ainsi, aucun rez-de-chaussée ne sera habité, sauf si le  est en duplex et que les pièces principales sont à l’étage. Ces espaces seront réservés aux commerces, aux crèches, aux cabinets médicaux. « En cas de débordement du fleuve, nous serons prévenus suffisamment à l’avance pour évacuer », reprend Romain Marchand. Un repère de la crue de 1910 sera marqué dans chaque nouvel immeuble. Plus globalement, le quartier a été pensé en fonction de l’écoulement des eaux. « Chaque parcelle à bâtir comportera un espace de pleine terre, sans bitume ni béton, afin que l’eau puisse s’infiltrer dans le sol et non ruisseler jusqu’au fleuve », précise l’adjoint. Absorber, ce sera aussi la vocation du parc de la Confluence, un espace de 4,5 ha libre de toute construction. « Nous ne pourrons pas échapper aux inondations, reconnaît Romain Marchand. Mais les précautions prises permettront d’éviter la perte de vies humaines et la paralysie du quartier. »



Ile-de-France : une grande crue de la Seine menacerait 430 000 logements
Publié le 02.12.2013
Un rapport de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) publié ce lundi révèle qu’une crue de la Seine similaire à celle qui avait inondé  en 1910 menacerait 430 000 logements d'Ile-de-, soit 850 000 personnes et près de 8 % de l'habitat régional. Le coût direct d'une telle montée des eaux est estimé entre 17 et 20 milliards d'euros, dont au moins un tiers pour le .


Parmi les départements les plus exposés, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine, directement en amont et en aval de Paris, comptent respectivement 123 000 et 95 000 logements en zone inondable. Paris semble mieux protégé grâce aux dispositions mises en place dans la capitale, des dispositifs qui peuvent «théoriquement protéger d’une inondation par débordement jusqu’au niveau de la crue de 1910.» Le rapport souligne que «le reste de l’agglomération apparaît beaucoup plus vulnérable.»



100 000 logements construits en zone inondable depuis 1980



Ce rapport arrive une semaine après la réalisation d'un vaste exercice de simulation d'inondation en aval de la capitale par la préfecture des Hauts-de-Seine. La préparation avait pour objectif de reproduire les effets de la crue de 1910, durant laquelle le niveau de la Seine était monté à 8,68 mètres, plongeant de nombreuses rues de Paris sous l’eau.



Ludovic Faytre, responsable de l'étude, assure qu’en dépit de la forte pression foncière qui touche ces départements, «on arrive aujourd’hui à limiter l’extension urbaine en zone inondable.» Il n’en est cependant pas de même pour «contenir le renouvellement urbain», et le chercheur de l'IAU avance le chiffre de 100 000 logements construits en zone inondable depuis 1980 en Ile-de-France, dont 85 % sont des logements collectifs.



Cette étude, réalisée en comparant la cartographie des zones à risque avec les fichiers fonciers du ministère des Finances, vient s'ajouter aux travaux plus larges réalisés pour l'Etablissement public territorial de bassin Seine grands lacs (EPTB), responsable de la lutte contre les inondations. Selon ces études, l'Ile-de-France et ses 12 millions d'habitants sont insuffisamment préparés pour faire face à une crue historique. Une inondation semblable à celle de janvier 1910 «impacterait directement et indirectement cinq millions de citoyens et de nombreuses entreprises», représentant un tiers de l'activité économique du pays, selon ces travaux de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


LeParisien.fr 

Crue de la Seine : les voies sur berges restent fermées par sécurité


Céline Carez | Publié le 13 nov. 2013

Exit les voitures sur les voies Georges-Pompidou ( Ier), le long de la Seine. Exit aussi les piétons. Les voies sur berge, rive droite, des Tuileries au pont de l’Arsenal, sont fermées. Menacées par les eaux.

Hier, à cause des fortes précipitations de ces derniers jours, la Seine est montée à 3,53 m, au niveau du pont d’Austerlitz, soit 23 cm de plus que la veille. « A partir de 2,40 m, on commence à surveiller et on déclenche le seuil vigilance », décrypte Stéphane Lagrange, adjoint au service tunnel, berges et périphérique de la ville de . Quatre niveaux d’alerte mesurent les éventuels dangers avec comme toile de fond la grande crue de 1910, année durant laquelle la Seine a envahi les rues de Paris, culminant à 8,62 m à la station d’Austerlitz, paralysant la ville sans toutefois faire de victimes.

Aujourd’hui, les spécialistes ont classé les risques en 5 seuils. Le plus alarmant, le rouge, indique « risque de crue majeure, menace directe et généralisée de la sécurité des personnes et des biens ». Viennent ensuite l’orange, le jaune puis le vert (« pas de vigilance particulière requise »). Depuis ce week-end, la Seine est au niveau jaune : « risque de crue ou de montée rapide des eaux n’entraînant pas de dommages significatifs, mais nécessitant une vigilance particulière dans le cas d’activités saisonnières et/ou exposées ». Le niveau de 3,53 m atteint ces jours-ci correspond d’habitude aux crues de la mi-décembre.

Ce week-end, par mesure de précaution, la ville a donc fait enlever d’urgence des installations (conteneurs, buvettes ou encore la grande scène), côté musée d’Orsay, rive gauche. Dimanche, une partie du grand escalier en contrebas du musée d’Orsay a même été démontée. Des restrictions de navigation ont été établies. « Le bras de la Monnaie est interdit aux embarcations, bateaux et péniches », indique un spécialiste de la Brigade fluviale. « Nous restons attentifs aux abords des quais, poursuivent les policiers du fleuve. Le courant est très fort, c’est un facteur d’accident. Nous surveillons les bateaux, notamment les bateaux logements. » Conséquence de la fermeture des berges? La circulation a été quelque peu perturbée, les voitures se rabattant sur les voies en haut des berges.

Hier soir, à la mairie de Paris, on se voulait rassurant : « La décrue pourrait s’amorcer à partir d’aujourd’hui, selon les précipitations et les barrages. Mais on reste vigilants. » Stéphane Lagrange estime pour sa part que « si la décrue opère vraiment, la circulation des voitures sur la voie Georges-Pompidou pourrait être rétablie en fin de semaine ».





La préfecture simule la crue du siècle

Les services de l’Etat ont testé hier leur nouveau plan Orsec Inondations. Selon les résultats, il sera validé ou amendé d’ici la fin janvier.

Olivier Bureau | Publié le 28.11.2013
Hier après-midi, la crue qui frappe le département a atteint le niveau symbolique de celle de 1910. L’apocalypse aquatique.


C’est pour faire face à de telles extrémités que la préfecture a simulé une crue majeure, hier et ainsi testé son nouveau plan Orsec Inondation. 150 personnes y ont participé. Selon les résultats, la mise à jour commencée il y a six mois sera validée ou modifiée. 


Verdict d’ici la fin de l’année.



Une organisation plus efficace
Le nouveau plan prévoit treize cellules regroupées au centre opérationnel départemental. Ce COD est le cœur de la  de . Tous les acteurs y sont représentés : police, , SNCF, Education nationale, ERDF, GRDF, les pompiers, l’agence régionale de santé, les villes, etc. « Ce système de cellules avec un pilote nous permet une montée en puissance. Sans cela, on prend le risque d’être débordés. Le nouveau plan doit permettre de réagir plus vite. Il nous évite de courir après l’événement », insiste Thomas Bineau, le « Monsieur Crises », à la préfecture et homme-orchestre du COD.



Un scénario plein de surprises. L’eau monte depuis lundi. Hier matin, le niveau rouge est activé. A ce moment-là, 192000 foyers sont privés de courant, les RER A et B sont arrêtés, les lignes de bus franchissant la Seine sont interrompues. La préfecture invite la population à limiter ses déplacements et à n’appeler les pompiers qu’en cas d’extrême urgence.



A 11 heures, branle-bas de combat. Yann Jounot, le préfet, commande le nouveau point de situation. Sur les murs, des cartes montrent la boucle nord sous les eaux. « On a cinq communes du sud du département volontaires pour héberger des sinistrés, énonce Vincent Marchand, directeur de l’association des maires des Hauts-de-Seine et pilote de la cellule « collectivités. A Levallois, il faut évacuer 230 enfants d’une école… » A 16 heures 230 établissements ont fermé. Au total, il faut trouver une solution pour 80000 enfants. »



Gérer le chaos. Tandis qu’un policier détaille les axes coupés (A86, tunnel de La Défense…), on apprend que les réseaux de téléphone filaires ont lâché dans le nord du département et que les centres GSM sont en sursis.



Les mauvaises nouvelles s’enchaînent : à l’appel des syndicats, sur le port des Gennevilliers, des dockers ont cessé le travail par mesure de sécurité. « La priorité est d’assurer les livraisons de fioul pour les groupes électrogènes et déplacer les produits chimiques », assène un officier des pompiers. A Neuilly, le DAL a profité du chaos pour investir un hôpital. La Défense a été évacuée et placée sous protection des CRS. Cerise sur le gâteau, il devient urgent d’évacuer 20 chevaux de l’île Saint-Germain. « Une capacité de réponse, cela se construit », analyse le préfet. « Un plan n’est jamais parfait mais il faut s’entraîner, acquérir des réflexes. Nous devons absolument anticiper. » C’est semble-t-il ce qui fera la différence entre une crise gérée et une catastrophe.


Le Parisien

La crue de 1910 est la référence absolue. Il s’agit d’une crue centennale. Contrairement à des idées reçues, ce genre de catastrophe n’arrive pas une fois par siècle. Il y a une chance sur 100 qu’elle se produise tous les ans. « Forcément, plus on s’éloigne du précédent événement, plus il y a de risque qu’un nouveau se produise », analyse un spécialiste des crises.

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