Conseil
municipal 13 novembre 2013
D’abord quelques
mots sur la situation nationale : la première partie du
rapport s’intitule « Le projet de lois des finances 2014, un
tournant pour les finances locales » puisque
après trois années de gel des contributions de l’État aux collectivités
territoriales, il s’agit désormais d’une coupe franche de trois milliards sur
2014 et 2015.
Les collectivités
se trouvent ainsi engagées dans une spirale de diminution des dépenses tant de
fonctionnement que d’investissements, ce qui signifie une réduction du service
rendu à la population, même lorsque comme Pessac, elles ont une « situation
financière saine ». Et cela va se traduire, comme
il est écrit plus loin par « une tendance confirmée à la raréfaction de
la ressource », ce qui fait que « la
commune doit engager une rupture dans la gestion et la maitrise de ses
dépenses… et les faire baisser ».
Mais, plutôt qu’un
tournant, cette coupe brutale dans les finances locales de la part de l’Etat est
une nouvelle étape de la politique d’austérité que mène le gouvernement depuis
sa prise de fonctions, dans la continuité et l’aggravation de la politique
menée précédemment.
Et pour ne parler
que de quelques éléments parlants de cette politique, je citerai : le vote
du pacte de stabilité européen préparé par Sarkozy et Merkel ; les dizaines
de milliards de crédits d’impôts aux patronat sous prétexte de recherche et
innovation et autres « conventions-emploi » avec, en parallèle et
pour financer le tout : la casse de la législation du travail avec la loi
qui ose s’appeler « de sécurisation de l’emploi », la nouvelle
réforme des retraites, des réformes fiscales qui pèsent essentiellement sur les
couches populaire avec, dernière cerise sur le gâteau, la hausse de la TVA,
impôt le plus injuste qui soit puisque payé par tous au même taux !
Et on ne peut
qu’être frappé par le fait que dans le rapport introductif à ce débat, il n’y a
pas la moindre critique de cette politique. Au contraire, le rédacteur en est
solidaire et voudrait croire que tout cela va permettre de
« redresser » la situation alors qu’elle ne fait que l’empirer et
plonge les couches populaires dans un désarroi encore plus grand.
Cette politique
nous est présentée comme un choix partagé par le gouvernement et les
représentants des administrations publiques locales à travers le « Pacte
de confiance et responsabilité » du mois de juillet. Et Pessac « contribuera
à l’effort de rétablissement des comptes publics »,
objectif de ce pacte.
En quoi consiste
donc ce Pacte ? Outre la disparition de 3 milliards d’euros, il entend entre
autre « aider les collectivités ayant contracté des emprunts structurés » par la création d’un fonds dédié. Petit détail (qui n’est pas
mentionné là) : selon le Projet de loi des finances, ce fonds servira
seulement à payer une partie du surcoût qu’entraînerait le remboursement
anticipé des emprunts toxiques par les communes... et, surtout, la condition
sera qu’elles renoncent à tout recours contre les banques qui les ont
escroquées... Joli cadeau fait aux escroqueurs sur le dos des finances
publiques !
Non seulement il
faut payer aux banques privées et à la Société financière locale, qui a
remplacé Dexia, les capitaux et les intérêts exorbitants de leurs prêts
structurés, non seulement ces banques ont le culot d’exiger des indemnités pour
remboursement anticipé, mais elles ont la bénédiction de l’État qui
prétend en plus les protéger des centaines de procès qui les menacent et
que certaines ont déjà perdu !
Lorsqu’on se
refuse à contester, même un minimum, la soumission aux dictats des marchés
financiers et aux profits des banquiers, on se condamne à faire la même
politique que ceux que l’on a dans le passé prétendu combattre ! Et même à
l’aggraver alors que la stagnation économique persiste, que les fermetures
d’entreprises se succèdent, que la dette publique continue de croître et
embellir.
Ces faits sont
têtus, connus de tous, et démentent tous les discours qui prétendent que la
situation se « redresse ». On a encore récemment entendu Sapin
prétendre que la courbe du chômage s’inverserait à la fin de l’année... alors
même qu’on apprend aujourd’hui que le PIB a baissé et que 17000 emplois ont été
détruits dans le secteur marchant au 3ème trimestre.
Ce genre de
discours, plus personne ne peut le croire, et il n’est certainement pas pour
rien dans la crise politique dans laquelle s’enfonce le pouvoir exécutif, et
dont la droite et l’extrême droite tentent de profiter, étalant leur démagogie
réactionnaire pour tenter de dévoyer la contestation sociale des victimes de la
crise et de l’austérité.
C’est dans ce
contexte que nous discutons des orientations budgétaires pour Pessac, et la
présentation fait craindre un budget qui aggrave la situation des plus faibles.
L’annonce du gel des subventions aux associations, c’est-à-dire d’une baisse
dans les faits de leurs budgets, alors même que ce sont toutes les subventions
publiques qui baissent, va avoir des conséquences très concrètes pour tous ceux
à qui elles s’adressent, bien souvent les populations des quartiers, les
enfants et les adolescents, les personnes les plus en difficulté. Nous savons
tous qu’actuellement, des associations du secteur social rencontrent les pires
difficultés face à des budgets en baisse et sont amenées à diminuer leurs
prestations, voire à licencier. Un drame non seulement pour les salariés mais
aussi pour les publics concernés.
Part ailleurs
l’annonce du maintient d’une augmentation de la subvention pour le CCAS est
rendu obligatoire par la petite augmentation des salaires des catégories C de
la fonction publique au 1er janvier prochain (alors que ces
catégories plafonnent au niveau du Smic ou à peine au-dessus pour beaucoup et
que le point d’indice est bloqué depuis 2010). Cela signifie que la part du
budget destinée directement aux bénéficiaires du CCAS va très probablement
stagner alors même que la crise et la politique d’austérité vont continuer à
amplifier les besoins, même dans une ville comme Pessac où, on l’a vu dans le
rapport précédent, 11 % de la population est en-dessous du seuil de
pauvreté.
Alors oui, il faut
une rupture pour reprendre la formulation du rapport. Et cette rupture doit
être celle avec les politiques d’austérité qui visent les plus faibles. Ca
commence par une prise de position claire par rapport à la politique
gouvernementale, par l’affirmation d'une opposition politique et sociale de
gauche à cette politique d’austérité, au gouvernement qui la mène, à tous les
démagogues qui voudraient aujourd’hui se refaire une virginité à bon compte et
tentent de surfer sur le désarroi, l’exaspération qui montent dans le pays.
L’expression d’une
opposition de gauche est urgente quand on voit comment l’ensemble des
reniements laisse un nouvel espace
aux pires des réactionnaires qui étalent leur haine de l’autre, leur
médiocrité crasse, encouragés par les propos inacceptables de tous bords sur
les roms, les arabes, les musulmans.
Plus que jamais une
mobilisation des couches populaires, des travailleurs, des victimes de la crise
et de l’austérité est nécessaire. Et cela devrait aussi faire partie du rôle
d’une municipalité que d’y aider.
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