Mercredi 12 février, le ministère de l’Education a présenté le rapport d’étape du comité national de suivi de la réforme des rythmes. On l’attendait avant Noël dernier : l’opposition catégorique du SNUIPP, l’un des syndicats majoritaires parmi les enseignants du primaire, en avait retardé la publication. Le syndicat enseignant étaye aujourd’hui son opposition par un « contre-rapport ».
Par S. Marseille La Gazette le 13/02/2014
Depuis mercredi 12 février, deux rapports entrechoquent leur vision de la mise en oeuvre de la réforme des rythmes : celui du comité national de suivi de la réforme et celui du SNUIPP. Vont-ils alimenter l’empoignade droite/gauche à quelques semaines du scrutin des municipales ?
Tandis que la FCPE (fédération de parents d’élèves) estime le pari de la réforme des rythmes scolaires gagné, Vincent Peillon se réjouit que 88% des communes appliquant la réforme s’en trouvent satisfaites.
Pendant ce temps-là, Jean-François Copé en appelle à la suspension de la réforme en cas de désaveu de la gauche aux municipales. Mais seule une poignée de collectivités claironne son refus d’appliquer ladite réforme – la cinquantaine de membres du Collectif des maires contre la réforme des rythmes scolaires, emmenée par Jean-Michel Fourgous.
Recommandations – Alors, succès incontestable ou ratage inouï ? L’introduction du rapport d’étape du comité de suivi se montre plus nuancé. Françoise Moulin-Civil, présidente du comité, reconnaît des « divergences » dans les discussions collectives et fait clairement état de l’opposition du SNUIPP et de la PEEP (fédération de parents d’élèves) au texte du rapport.
Tout en mettant en avant un « large accord sur l’intérêt de la réforme » dans les communes qui l’appliquent, elle fait également état de premières semaines « délicates, avec des tâtonnements, des interrogations sur l’organisation matérielle et sur les coûts induits ». Elle relève que des « ajustements » se sont imposés, mais que seules 2 communes ont interrompu la réforme.
Elle avance enfin que le rapport entend identifier les points forts de la réforme, mais également les « points de vigilance, faisant l’objet de recommandations ». Point intéressant pour les services municipaux, le texte mentionne les collectivités qui ont mis en place des démarches intéressantes (sans toutefois donner beaucoup de détails).
De fait, le comité de suivi identifient huit recommandations. Sept d’entre elles touchent plus précisement les collectivités :
- penser et articuler la continuité et la cohérence éducatives
- considérer avec une attention particulière les maternelles
- bien articuler choix politiques et choix opérationnels. Traduction : privilégier le dialogue entre toutes les parties prenantes et le partenariat local
- bien former tous les intervenants : « la modélisation de formations communes ou de modules thématiques réunissant animateurs, personnels, Atsem et enseignants, serait sans doute aussi à encourager »
- soigner les transitions
- soutenir les territoires en difficulté dans leur réflexion : « on ne put qu’encourager les mutualisations financières ou de ressources humaines (animateurs) (…) les organisations fondées sur l’alternance des activités »
- bien informer sur les sources de financement.
Suspension - Le SNUIPP, de son côté, requiert la suspension de la réforme et avance les propositions suivantes :
- un cadre national pour une semaine de 4,5 jours, avec des dérogations locales possibles,
- le rejet, par les DASEN, des projets qui ne remportent pas l’adhésion des conseils d’école (disposition fortement combattue par les associations d’élus, qui craignent, elles, de se retrouver avec une multiplication d’organisations),
- la mise en cohérence des nouveaux temps avec de nouveaux programmes,
- le financement pérenne des « TAP » pour garantir l’égalité territoriale.
Le syndicat enseignant avance également dans ce rapport des revendications concernant la revalorisation du métier d’enseignant.
Opération de com’ ? – L’Andev se reconnaît dans le rapport d’étape du comité de suivi, tout en insistant sur la nécessaire collaboration entre les collectivités et les enseignants : « les enseignants demeurent certes critiques, mais sont devenus des partenaires des collectivités. Cette collaboration est la clé de la réforme, il ne peut exister de scission entre le scolaire et le périscolaire, entre le projet territorial et le projet d’école » avance Anne-Sophie Benoit, présidente de l’Andev.
Ce sont les animateurs qui l’ont mauvaise : « Nous avons reçu le rapport au moment de la conférence de presse du ministre, il n’a pas été acté par le comité de suivi, qui a prévu d’en dresser l’analyse lors de sa prochaine séance en avril » s’insurge Patrick Weisheimer, président du SEP-UNSA, seule organisation à parler au nom des animateurs au sein du comité de suivi.
Une première lecture du texte déçoit ses attentes : « Nous attendions ce rapport d’étape pour évoquer un plan de formation des animateurs et c’est raté. Nous attendons toujours aussi d’avoir des perspectives politiques au terme des trois années de taux d’encadrement dérogatoires », martèle le président du SEP-UNSA, inquiet de constater que les allégements prévus au BAFD (le brevet d’aptitude aux fonctions de directeur) ne sont pas conditionnés à un plan de formation menant au BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport).
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