Tickets
Le premier tableau que nous communiquons concerne l'évolution de l'achat de tickets de bus entre 2008 et 2013. On remarquera que la vente des carnets de 10 tickets a diminué de 19,5 %, ce qui s'explique par la très forte augmentation de leur prix qui est passé de 7,5 à 10 euros entre 2011 et 2013. L'évolution du prix modifie en effet très fortement le comportement des usagers : en augmentant le ticket solo de 1 à 1,30 euro, Dupassieux est parvenu à créer un effet de transfert, les usagers se reportant de plus en plus sur le ticket 24h qui coûte actuellement 2,60 euros.
Abonnements mensuels
Le deuxième tableau concerne les abonnements mensuels qui sont en forte baisse, en raison de leur coût élevé (34,50 euros pour un abonnement 25-59 ans). La suppression en septembre 2012 de toutes les réductions sociales sur les abonnements mensuels a encore dégradé la situation.
Abonnements annuels
Le troisième tableau est consacré aux abonnements annuels qui ont connu une évolution très contrastée : si le nombre d'abonnements annuels a augmenté entre 2010 et 2012, il a en revanche diminué entre 2012 et 2013, en raison de la suppression de l'abonnement gratuit pour les personnes âgées non imposables.
Suppression de la gratuité
Le quatrième tableau fait le bilan de la suppression de la gratuité des bus pour les personnes âgées non imposables, qui permettait à 4300 seniors de disposer d'une carte d'abonnement gratuite en 2012. Le STAC a mené une intéressante étude du comportement de ces 4300 anciens bénéficiaires de la gratuité qui montre qu'en 2013 :
- 44 % de ces anciens abonnés gratuits ont pris un abonnement payant, en bénéficiant de tarifs réduits. Pour ces 1831 personnes à faible revenu, la suppression de la gratuité n'a donc pas modifié l'usage des transports en communs, mais a en revanche entraîné une baisse de leur niveau de vie.
- 16 % ont limité leur usage des transports en commun, en n'utilisant plus le bus que de manière occasionnelle : limitant leurs déplacements au minimum, ils ont acheté des carnets de tickets à tarifs réduits (9 %) ou se sont rabattus sur le ticket solo ou le ticket 24h (6 %).
- 40 % ont totalement renoncé à l'usage des bus, préférant reprendre leur voiture ou se déplacer à pied que de consacrer aux transports en commun une partie de leurs très faibles revenus.
Recettes
Le cinquième tableau montre les effets financiers de l'augmentation du coût de la billetterie (tickets ou abonnements) qui constitue plus de 90 % des recettes du STAC (le reste relevant pour l'essentiel des recettes de la publicité). Alors qu'elles se montaient à 3,42 millions en 2011, les recettes du STAC ont atteint en 2013 le seuil de 4,15 millions d'euros, ce qui représente une hausse de 21,3 % en 2 ans. En d'autres termes, si le nombre d'abonnés a baissé, suite à la disparition de seniors à bas revenu, Chambéry métropole est parvenu à accroître très fortement ses recettes, en centrant son réseau sur des usagers aux revenus plus élevés.
Cette orientation est pleinement assumée par Henri Dupassieux, comme en témoigne le compte-rendu de la commission des transports de Chambéry métropole du 26 novembre 2013 que Chambéry 100 % à gauche a décidé de rendre public. On y constatera que Dupassieux, estimant que "les réseaux les plus performants sont souvent ceux qui ont la tarification la plus élevée", propose une nouvelle augmentation des tarifs, au prétexte de l'augmentation prévue de la TVA. Bien que Antoine Fatiga ait expliqué, à juste titre, que la hausse de la TVA sera compensée par le gain issu de la mise en application du Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi (CICE), rien n'y a fait : très largement majoritaire dans cette commission qu'ils ont totalement noyautée, les écolibéraux d'EELV ont obtenu que la commission des transports se prononce pour une nouvelle augmentation des tarifs, qui bien évidemment ne devrait être officiellement annoncée qu'au lendemain des élections.
Force est en effet de constater que tous les élus EELV sont sur la ligne écolibérale de Dupassieux. On lira dans ce compte-rendu que Gérard Blanc, secrétaire départemental d'EELV et conseiller municipal de La Ravoire, propose d'augmenter à nouveau le prix du ticket solo, tandis que Bruno Forest, conseiller municipal de Challes-les-Eaux, et Alain Caraco, qui espère prendre la succession de Dupassieux à Chambéry métropole, nous proposent de s'attaquer au stationnement gratuit dont bénéficient les patients de l'hôpital ! Lors d'un débat public tenu au printemps dernier, Gérard Blanc expliquait qu'EELV ne se situait désormais plus dans une opposition gauche/droite :ce compte-rendu en témoigne puisqu'il montre que ces écolibéraux ne gèrent pas les transports comme un service public, mais comme une entreprise commerciale dont il faut accroître les recettes.
On constatera d'ailleurs dans ce même compte-rendu que les écolibéraux d'EELV se sont aussi prononcés en faveur du budget annexe des transports que Dupassieux leur proposait, alors même qu'il ne prévoit aucune amélioration de l'offre et aucun nouvel investissement sur fond propre. Entre l'augmentation des recettes commerciales et le vote d'un budget d'austérité, il existe une évidente logique : celle de la transformation d'un service public en entreprise commerciale. Et c'est bien là la logique que les élus d'EELV appliquent tant au gouvernement que dans les collectivités qu'ils cogèrent avec le PS.