Conforté par sa résistance électorale après les municipales, le PCF veut faire de la métropole du Grand Paris et particulièrement de la mission de préfiguration, un lieu de « bataille publique » destiné à infléchir le gouvernement sur tous ses projets de décentralisation.
La Gazette le 02/05/2014 • Par Cédric Néau, avec l'AFP
Toujours officiellement sans tête et désormais constitué d’un corps de plus en plus hostile, la mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris semble pourtant avancer,
cahin-caha, dans l’entremonde, tel un fantôme. « Bien sûr que les groupes de travail constitués par les élus de Paris Métropole se réunissent et progressent » insistait mercredi 30 avril Dominique Adenot (PCF), maire de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et pilote du groupe de travail sur les finances. « Mais nous travaillons dans le flou total car la préfecture n’a toujours pas officiellement nommé le directeur de cette mission », rajoutait-il, alors que le nom de François Lucas circule déjà depuis le 13 février parmi les membres du syndicat mixte d’étude.
« Maintenant que le plan d’économies est acté, les choses devraient s’accélérer », pronostique l’élu communiste qui a profité d’une conférence de presse de son parti (voir focus), pour rappeler la décision –actée ce même 30 avril – des élus communistes de participer à cette mission de préfiguration. Pour mieux s’en servir de lieu de « bataille publique » et faire reculer le gouvernement sur l’ensemble de ses propositions en matière de décentralisation, a prévenu Pierre Laurent, le secrétaire général du PCF.
« Une mission pour piloter l’amaigrissement des dotations publiques » - Comme ils l’avaient déjà annoncé le 7 mars en conseil syndical de Paris Métropole, les élus communistes ont la ferme intention de « reconstruire » la métropole du Grand Paris, sur la base d’un concept coopératif, contre les « ordres autoritaires venus d’en haut », selon les termes de Patrice Leclerc, nouveau maire de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). « La mission de préfiguration n’est faite que pour piloter l’amaigrissement des dotations publiques », regrette-t-il.
Ils se sentent d’autant plus légitimes à faire « revenir la loi vers le texte de juillet 2013, balayé par un coup d’Etat législatif », dixit le maire de Gennevilliers, que les élections municipales ont, sinon conforté, au moins réconforté les élus communistes du Grand Paris, malgré quelques pertes symboliques comme Bobigny ou Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) : « Avec 24 villes et 1 million d’habitants, nous sommes la première force de gauche dans l’aire métropolitaine », assure ainsi Pierre Laurent, négligeant peut-être le poids de Paris dans son calcul.
Changer le calendrier - Fort de cette analyse, le premier secrétaire se sent pousser des ailes pour parvenir à faire « changer le contenu d’une loi anti-démocratique et difficile sinon impossible à appliquer ». Afin de reprendre les termes de chaque disposition, le PCF souhaite ainsi modifier le « calendrier qui nous est imposé ». « Pourquoi cette date butoir du 1er janvier 2016, alors qu’il n’y a encore aucun élément sur la façon de financer cette métropole », s’étonne Dominique Adenot ?
Au contraire, le nouveau maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Patrick Bessac, dénonçait « un projet conçu calculette à la main qui décide de tout contre les intérêts de la population. » Lui aussi, a donc pris sa calculette et prévoit après les mesures d’économies voulues par le gouvernement, « 10 millions d’euros en moins dans les années à venir pour sa commune. Or, Montreuil est déjà en situation sévère par rapport aux investissements nécessaires destinés à répondre à l’afflux d’enfants qui nécessitent crèches, écoles et structures d’accueil. Je lance donc un gros signal d’alarme ».
FOCUS
Pierre Laurent (PCF) veut un « débat public » sur la réforme territoriale
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, a réclamé mercredi 30 avril un « débat public » sur la réforme territoriale annoncée par Manuel Valls. Le sénateur de Paris a fustigé « la brutalité de l’annonce du projet de réforme » par le Premier ministre. Pour lui, il s’agit ni plus ni moins d’un « big-bang institutionnel qui va redessiner tout le paysage de la République ».
« Aujourd’hui, nous disposons d’un maillage démocratique que le gouvernement veut faire exploser au profit d’un schéma basé sur de grandes régions soumises à la concurrence, en rupture avec la tradition républicaine d’égalité sur le territoire » a-t-il regretté lors d’une conférence de presse.
Selon M. Laurent, le PCF est « disposé à travailler sur un autre projet » et va mener, après les élections européennes du 25 mai, « une grande campagne d’interpellation publique, d’intervention citoyenne sur ces enjeux ». « Nous entrerons dans une bataille de mobilisation citoyenne, nous voulons un débat public. (…) Nous voulons mettre la population là ou ils veulent la tenir à l’écart » a-t-il conclu.
Manuel Valls avait déclaré mardi 29 avril durant la présentation du programme de stabilité à l’Assemblée nationale, vouloir aller « plus vite encore » que prévu initialement dans la mise en oeuvre de sa réforme territoriale.
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