2 mai 2014

Les éboueurs publics et privés s’unissent pour une grève nationale le 12 mai


Les fédérations CGT des services publics et celle des transports ont déposé un préavis de grève nationale, le 12 mai, pour tous les agents de la propreté et des déchets. Les agents des villes et des entreprises privées s’unissent pour une reconnaissance de la pénibilité de leur travail.
La Gazette le 30/04/2014 • Par Hélène Huteau 

Public, privé : même pénibilité, même combat. Pour la première fois les éboueurs lancent un appel commun à la grève nationale, le 12 mai, reconductible, éventuellement jusqu’au 15.
Balayeurs, chauffeurs, agents de tri et de traitement des déchets et aussi égoutiers, sont appelés à cesser le travail, par la fédération CGT des services publics et celle des transports, soit environ 70 000 salariés en tout, répartis également entre secteurs public et privé.
L’objectif est d’obtenir la reconnaissance de pénibilité de leurs métiers, avec notamment, un départ à la retraite anticipé entre 5 et 10 ans, selon les postes. Pour appuyer leurs revendications, la CGT met en avant une étude l’ARSS (Actes de recherche en sciences sociales) qui démontre que les professionnels de cette branche ont « 17 ans d’espérance de vie en bonne santé de moins que les cadres et administratifs » et vivent cinq ans et demi moins longtemps.
Or, les troubles musculo-squelettiques ne sont pas reconnus comme maladie professionnelle de la branche. « Ils se déclarent souvent quelques mois après le départ en retraite » observe Bruno Denhez, responsable de la branche déchets, secteur privé, de la fédération CGT transports. S’ajoutent à cela les troubles respiratoires, maladies infectieuses, ainsi que les accidents qui coûtent à certains agents un membre ou parfois la vie. Trois d’entre eux, déjà, sont morts cette année.

Plus d’encadrement des horaires et pratiques - La reconnaissance de cette pénibilité et insalubrité, que la société admet, doit se traduire, pour le syndicat majoritaire, par une réduction du temps de travail à 28 heures. La CGT remet ici en cause le « fini-parti », accord tacite appliqué dans de nombreuses collectivités, en dehors de Marseille. Bruno Denhez dénonce le caractère usant de cette pratique « qui permet de donner plus de boulot que ce que les gens ne feraient [dans le même temps]. Chez moi on relève 1400 bacs en une tournée. C’est ce que l’on faisait avant en 39h » raconte le délégué syndical. La crainte du privé est de voir se dégrader encore les conditions de travail avec l’arrivée sur les appels d’offre des transporteurs routiers, notamment sur les déchets industriels. « Ce n’est pas la même convention collective. Ils ne pratiquent pas les 35 heures» cite Bruno Denhez. Dans le public comme dans le privé, de deux ripeurs (releveurs de poubelles) par camion on passe souvent à un, voire à zéro : le chauffeur fait alors triple emploi…
Face à ces glissements et aux disparités existantes entre privé et public (notamment sur la retraite) les travailleurs syndiqués réclament un même traitement social bonifié pour tous et une législation pour encadrer les pratiques du service de collecte des déchets. Ces revendications sont assorties d’une demande de revalorisation salariale. Mais les agents de la propreté vont plus loin en demandant à l’Etat d’orienter sa politique sur le principe « pollueur-payeur ». Autrement dit, faire peser le coût de la collecte et du traitement des déchets davantage sur les entreprises émettrices des emballages, plutôt que sur les ménages.

Grève mobilisatrice - Le syndicat milite aussi pour le contrôle public des déchets, dont les plus dangereux, comme les DEEE, sont parfois exportés aux dépends des populations du tiers monde. La CGT en appelle à la responsabilité de l’Etat et préconise de mettre les moyens humains et financiers pour un traitement autonome et propre des déchets français, qui permettrait de valoriser les métiers qui y sont liés et de faire de la France un exemple de développement durable.
La grève du 12 mai, reconductible, promet d’être bien suivie, par les grandes villes (Marseille, Nantes, Lyon, Bordeaux, Lille, Paris en sont) et quelques entreprises privées. La profession veut mettre la pression avant les travaux en juin, préparatoires de l’agenda social de septembre. La rentrée verra alors les mouvements sociaux s’élargir aux autres fonctions publiques.
FOCUS

Le compte pénibilité ne touchera pas la génération actuelle

Si les discussions avec l’employeur dans le cadre de la réforme des retraites, en 2003, n’avaient pas abouti, le compte pénibilité, décidé en 2013, va être mis en place l’an prochain. Il donnera lieu à deux ans de bonification, au mieux, pour les départs en retraite… Mais seulement pour la prochaine génération, car cette loi n’a pas d’effet rétroactif. Une avancée dont les cotisants actuels ne peuvent se contenter.
Aujourd’hui, les agents du privé peuvent partir en retraite à 60 ans et ceux du public à 57 ans. Les fonctionnaires récusent cet « avantage » qui n’est pas assorti d’un taux plein. Il leur faut en effet travailler jusqu’à 62 ans pour obtenir ce taux plein, soit environ 1100 € (contre 700 à 800 € à 57 ans).

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