France: au pays des frondes contre les projets « inutiles »
Le Monde Rémi Barroux
Le député socialiste du Calvados préconise la fin du « tout-TGV » et du « tout-autoroutes », et propose notamment le report (l’abandon ?) de nombreux projets de lignes à grande vitesse, comme Bordeaux-Hendaye, ou de tronçons d’autoroutes, tel l’A51 entre Gap et Grenoble, contestés localement.
Cette proposition de révision des schémas de transports, dont le premier ministre Jean-Marc Ayrault a dit qu’il partageait « le diagnostic précis », suffira-t-elle à calmer la contestation des collectifs locaux formés contre ces projets qu’ils jugent inutiles, voire néfastes ? Pour quelques-uns d’entre eux peut-être, mais la fronde ne concerne pas uniquement les grandes infrastructures de transports.
Centres commerciaux, équipements sportifs, centrales à gaz, projets d’exploitation de gaz de schiste, déchetteries géantes : les batailles se mènent contre les projets les plus « modestes », comme le golf gardois de Saint-Hilaire-de-Brethmas, jusqu’aux plus ambitieux, tel l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Parfois avec pour seule préoccupation de s’opposer à la dégradation de son environnement personnel – à l’image du mouvement Nimby ( Not in my Backyard – « Pas dans mon arrière-cour » !) présent dans d’autres pays –, mais le plus souvent pour défendre une autre idée de l’intérêt collectif, du développement économique et de l’utilisation des fonds publics.
Quand des dizaines de milliers de personnes se rassemblent dans le bocage nantais pour dire non à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), le message va au-delà de l’opposition à ce seul projet. La création de ZAD – zones d’aménagement différé, rebaptisée « zones à défendre » par les occupants de NDDL – est devenue le signe commun de ces révoltes. Militants écologistes, altermondialistes, libertaires, syndicalistes paysans ou enseignants, novices de la contestation ou vétérans du Larzac des années 1970 : ils défendent le maintien d’espaces agricoles et contestent les modes de décision d’un pouvoir jugé trop centralisé.
ZÈLE DES ÉLUS
Soixante mille hectares de terres agricoles disparaissent chaque année. Soit, au bout de sept ans, l’équivalent de la superficie moyenne d’un département. Cette réalité forme le terreau des contestations attisées par le zèle d’élus qui, mis en concurrence par la multiplication des niveaux de gouvernance, rivalisent de projets « marqueurs de leur territoire ».
Comment garder la maîtrise de son environnement ? Les occupations pour empêcher une quatre-voies ou l’extraction de gaz de schiste sont devenues une façon de se faire entendre et ouvrent la perspective d’une possible victoire contre les pouvoirs publics. « Beaucoup se retrouvent impuissants face à la perte de leur emploi décidée ailleurs, alors que dans ces luttes, ils savent pouvoir gagner, car ils sont là, ils occupent le terrain », estime José Bové, député européen Europe Ecologie-Les Verts et figure des luttes du Larzac.
Rémi Barroux
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