13 octobre 2013

Nos dimanches et nos nuits ne sont pas à vendre !

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 Photothèque Rouge / DR / 2012
Publié dans : Hebdo L'Anticapitaliste - 212 (10/10/2013)
Sephora, le bricolage et maintenant Monoprix : les médias dominants mettent sous le feu des projecteurs une armée de salariés volontaires pour travailler la nuit comme le dimanche. Cette « mobilisation », largement encouragée par les entreprises en question, doit cependant être ramenée à sa juste proportion.
SalariéEs contre syndicats ? Chez Sephora, qui bafouait depuis 1996 dans son magasin des Champs Elysées la loi interdisant le travail de nuit pour ce type d’activité, c’est une centaine de salariés sur 300 (4 000 sur toute l’enseigne) qui ont été jusqu’à assigner en justice les syndicats à l’origine de la décision judiciaire, alors même que selon les chiffres fournis par la société, moins d’une cinquantaine sont réellement concernés par le travail passé 21 h. À Castorama et Leroy-Merlin, condamnés eux à fermer une dizaine de magasins sous peine d’astreinte suite à la plainte d’un de leurs concurrents, c’est seulement 15 % du personnel qui est concerné par le travail dominical. À Monoprix enfin, c’est la CGT, majoritaire, qui a fait usage de son droit d’opposition suite à un accord qui repoussait la fermeture d’une centaine de magasins à 22 h.
Un tel volontariat s’explique d’abord par la faiblesse des salaires du secteur : un tiers du personnel de Sephora est à temps partiel (l’enseigne a pourtant doublé son chiffre d’affaires en 5 ans) et la majeure partie des salariéEs de ces enseignes de bricolage gagne moins de 1 300 euros net par mois. Pour beaucoup d’étudiants, il est indispensable de travailler le week-end, le plus souvent au détriment de leurs études. Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer ces volontaires aux autres, mais il est clair que la masse des salariéEs du commerce est bien décidée à ne pas brader ses dimanches et ses nuits… au nom de la liberté du travail !


Contre ce marché de dupes, la riposte !
Ces employés ne vivent pas sur une île déserte : demain, en banalisant le travail dominical et de nuit, il deviendra un jour de travail comme les autres… et sans majoration ! C’est le cas, par exemple, pour ceux de l’hôtellerie-restauration où le dimanche est considéré comme un horaire ordinaire. Plus encore, le patron sera tenté de ne recruter à l’embauche que les seuls volontaires. Il en était ainsi au Virgin Mégastore des Champs-Elysées, ouvert 7 jours sur 7 et jusqu’à minuit, avec l’effet remarquable sur l’emploi qu’on connaît depuis… Enfin, les travailleurs d’autres secteurs seront entraînés à leur tour pour assurer l’ouverture non-stop des services (crèches, transports, banques, etc.).
Fort du succès de la fermeture de Sephora, l’intersyndicale CLIC-P a entamé une campagne (conférence de presse et affichage) pour répondre à ce bourrage de crânes, prépare de nouvelles assignations d’entreprises contrevenantes ainsi que des manifestations. Le départ de FO du comité, sur une ligne d’auto-affirmation à l’instar des retraites, ne devrait rien changer, tout comme l’affiliation du SECI, exclu de la CFTC car jugé trop combatif, à l’UNSA. La CFDT privilégie elle la voie contractuelle, pourtant désavouée à Monoprix. La CGT, avec sa fédération qui regroupe le plus grand nombre de syndiquéEs du commerce, est, elle, décidée à mettre le paquet sur le sujet, tout comme Solidaires, implanté dans plusieurs entreprises emblématiques (Apple, La Fnac, etc.). C’est en luttant ensemble que nous imposerons à l’ancien PDG de La Poste, le sinistre Bailly, chargé par Ayrault de mettre à plat ce dossier, nos revendications !
LD

      
Commerce parisien : augmentez les salaires, pas les horaires !

À l’appel d’un collectif intersyndical CGT-SUD-FO-CFTC-CFDT (nommé CLIC-P), les salariés du commerce parisien se sont mobilisés le 15 novembre dernier.
A Paris, sur fond d’une concurrence qui fait rage entre supermarchés (Carrefour, Monoprix et Franprix se livrent une vraie guerre d’implantation des moyennes surfaces), grands magasins ou grandes enseignes, le patronat du secteur attaque tous azimuts : ouvertures le dimanche et / ou nocturnes, extension des horaires d’ouverture, souvent en toute illégalité.
Il s’appuie pour cela sur les conditions d’emploi déplorables qu’il réserve à ses salariéEs : temps partiels, précarité, salaires de misère (Carrefour a récemment été condamné à de lourdes amendes pour non-paiement du Smic). Ces dernierEs n’ont d’autres choix que d’accepter le travail du dimanche ou de nuit (un peu mieux payé) pour boucler les fins de mois. Au détriment de leur santé (le travail de nuit est reconnu cancérogène) ou des conditions de vie, et au risque de voir disparaître toute référence à des normes sociales collectives (le repos dominical pour tous par exemple). Le chômage de masse assure de toute façon une main-d’œuvre inépuisable.
Des mobilisations avant tout juridiques
Ce chantage patronal rend la mobilisation difficile. De fait, c’est sur le terrain juridique que le Clic-P remporte des victoires, en obtenant des tribunaux la fermeture de supérettes le dimanche ou l’interdiction pour des grands magasins d’ouvrir la nuit. Et c’est sur ce terrain que le patronat riposte, puisque les grands magasins ont illico ouvert des négociations sur le travail de nuit. 
Le Clic-P refuse ces négociations par entreprise, et demande l’ouverture d’une négociation au niveau parisien, pour que soient définis les droits et les horaires qui s’appliqueront à touTEs les salariéEs. Il revendique notamment une hausse générale des salaires de 200 euros, la fin des temps partiels imposés, la garantie du repos dominical et la fermeture à 19 h 30.
Voilà qui mériterait que s’organise un soutien politique sans faille à ces luttes.
Julien Lanoli

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