22 février 2013

Mali - coopération décentralisée

tiens, il y a donc des richesses minières au Mali… on a pourtant beaucoup entendu le contraire !
et lire à la fin les quelques lignes sur les "franco-maliens" , sinistre…

Coopération décentralisée avec les territoires riches en minerais, comme le Mali : mode d’emploi
Le 14 février 2013, le conseil général du Pas-de-Calais et l’association du Collectif régional pour la coopération Nord-Sud (CORENS) ont organisé à Oignies une journée d’étude sur la question de la coopération décentralisée dans un contexte de concessions minières, à l’exemple du Mali. "Il faut aider les collectivités à peser politiquement face à l'Etat et aux compagnies", explique Michèle Leclerc-Olive, chercheur est sciences sociales à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (CNRS) et présidente de CORENS, dans une interview à la Gazette

De quelle façon se posent les enjeux miniers au Mali ?

L’or de la mine de Loulo est exploité dans la commune de Sitakily. D’un point de vue géologique, l’or n’est jamais présent seul et on a identifié de l’uraninium, de la bauxite, du diamant, et d’autres métaux rares. Ce bassin minier concerne aussi la Guinée et le Sénégal. Les collectivités territoriales de ces trois pays sont donc confrontées aux enjeux miniers. De plus, le conseil général du Pas-de-Calais a signé, en décembre 2011, des accords de coopération décentralisée avec le cercle de Keniéba, dans la région de Kayes, au sud-ouest du Mali. Il faut distinguer trois niveaux d’enjeux :
  • La mine, durant sa période de prospection et d’exploitation, renvoie aux questions d’emploi, de sécurité, de conditions de travail, d’embauche ou non de populations locales, de l’éventuelle poursuite de l’orpaillage artisanal.
  • L’environnement renvoie à une autre temporalité puisque les dégâts environnementaux se font sentir 100 ans après la fermeture du site. Or il faut protéger la capacité de développement agricole du territoire.
  • Nous proposons un troisième enjeu qui commence à être entendu : parce que les industries extractives touchent aux biens fondamentaux d’un pays, on aborde la question du bien public. C’est pourquoi il ne faut pas dissocier l’Etat des collectivités. Ce n’est pas l’Etat seul qui doit négocier avec les compagnies. L’extraction minière est l’affaire des pouvoirs publics, c’est-à-dire l’Etat et les collectivités.

Dans ce contexte, quel peut être le rôle de la coopération décentralisée ?

Les compagnies minières ont un comportement de prédation, elles ne paient que très peu de taxes, vident les mines et s’en vont sans même respecter les cahiers des charges. Au Mali, l’Etat détient 20% des actions des consortiums miniers, ce qui est astucieux car les élites dirigeantes se comportent finalement comme des actionnaires et pas comme des pouvoirs publics. Il faut se souvenir que par exemple, jusqu’en 1997, avant le triomphe du système néolibéral, les mines de la République démocratique du Congo étaient publiques.
La coopération décentralisée est un adjuvant des politiques locales, elle peut aider à la coordination des collectivités pour s’associer et être reconnues par l’Etat malien comme représentantes des populations. La région de Kayes met en place un réseau de collectivités minières et au début du mois d’avril se tiendra une rencontre pour élargir ce réseau aux collectivités sénégalaises ; ensuite, il y aura un travail avec la Guinée. L’idée est de peser symboliquement et politiquement. Parce que les régions sont reconnues par les organismes internationaux comme la Banque mondiale, leur l’implication est fondamentale. Imaginez que le texte du code minier du Mali est inaccessible, même au conseil régional de Kayes !
Il existe d’autres perspectives d’actions :
  • la formation des élus et des personnels administratif car le sujet est technique,
  • la création d’un service d’assistance technique dédié,
  • un plaidoyer pour être présent dans le code minier et dans les organismes de contrôle de l’industrie minière.

Comment expliquer la pauvreté des pays riches en minerais ?

On entend dire que c’est par manque de technicité ou à cause de la corruption, et donc que c’est de la faute de ces pays. Non ! Les compagnies minières pillent le sous-sol et maintiennent ce système, c’est vrai en Bolivie ou au Pérou. A contrario, l’Etat du Minas Geiras au Brésil s’en sort mieux aujourd’hui, en imposant aux compagnies minières de financer des formations universitaires ou de la recherche. Ce n’est donc pas une fatalité, mais un problème politique.
Au Mali, les compagnies minières construisent des écoles, des centres de santé ou des puits comme si elles étaient une ONG et encore, elles ne consultent même pas les collectivités pour construire une école ! Ce n’est pas du développement, c’est de l’assistance. Le développement doit porter sur l’économie et l’implantation d’activités qui génèrent des ressources. C’est toute l’ambigüité de ce discours sur le développement. Savez-vous, que quand les compagnies minières s’immatriculent au Canada, elles bénéficient de l’aide publique au développement ? Dépensent-elles vraiment bien cet argent public ?



Développement du Mali : réunion le 19 mars à Lyon de 100 villes françaises
Cent villes françaises jumelées avec des villes du Mali participeront le 19 mars 2013 à Lyon à une réunion sur le développement de ce pays, a annoncé mercredi 20 février le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin.
Le ministre, qui détaillait devant l’Assemblée nationale le volet développement du Mali, a rappelé que la France venait de décider la relance de l’aide publique au développement à ce pays, avec une enveloppe de 150 millions d’euros, et qu’une conférence internationale des donateurs se tiendrait à la mi-mai à Bruxelles.
Cent villes françaises concernées - “La troisième initiative, c’est de mobiliser l’ensemble des collectivités locales qui ont des partenariats, des coopérations décentralisées avec le Mali”, a dit M. Canfin.
“Cent villes françaises sont concernées. Nous allons les réunir le 19 mars à Lyon”, a-t-il précisé.

Enfin, a-t-il ajouté, “nous allons travailler avec les diasporas. Plus de 100 000 Franco-Maliens vivent en France. Nous voulons qu’ils puissent contribuer eux aussi au développement du Mali”.
Le ministre n’a pas précisé ce qu’il attendait de cette communauté.

La France a officiellement repris lundi sa coopération avec le Mali, suspendue depuis le coup d’Etat de militaires du 22 mars 2012 dans ce pays. En annonçant cette reprise lors d’une visite en début de semaine à Mopti (centre du Mali), M. Canfin avait précisé que 150 millions d’euros avaient été gelés en raison des événements au Mali.


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