La présidente de l’Acsé “s’interroge” sur la réforme annoncée de son agence
H. Soutra,- 'AFP | Publié le 18/02/2013
La présidente de l'Agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), Naïma Charaï, s'inquiéte de la réforme de la politique de la ville en préparation, redoutant notamment qu'elle ne "mette à mal (le) travail de proximité" de l'Acsé.
Naïma Charaï défend coûte que coûte son agence, en charge du volet social de la politique de la ville. Dans des entretiens à Sud Ouest Dimanche ainsi qu’au Bondy Blog, la socialiste girondine reconnaît que la refonte de la politique de la ville “est nécessaire” et que l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) “doit certainement se réformer.”
“Mais je m’interroge sur la refonte pour l’instant envisagée. Il me semble qu’elle mettrait à mal l’Acsé et son travail de proximité en la noyant dans une administration centrale”, a ajouté celle qui a été nommée à la tête de l’Acsé en octobre 2012, estimant que “cette nouvelle politique s’éloigne aussi de la mission confiée par le Président de la République”.
“J’ai une lettre de mission qui vient de l’Elysée. Dans cette lettre, il n’est pas question de la disparition de l’Acsé. [...] Ce n’est pas d’actualité. Si ça le devient, j’aviserai à ce moment-là, mais je le dis très clairement, je refuse que la politique de la ville soit portée par une administration centrale très éloignée de la vie quotidienne des quartiers [...] Je considère que cette agence doit rester à l’image de la société française et très proche des quartiers populaires” met elle en garde dans son interview au Bondy Blog.
Projets gouvernementaux - Les inquiétudes sur l’avenir de l’Acsé formulées par Naïma Charaï renvoient à différentes hypothèses exprimées par le gouvernement. Première source d’inquiétude : la possibilité évoquée par le ministre délégué chargé de la politique de la ville, François Lamy, de fusionner l’Acsé avec l’Agence nationale de rénovation urbaine. Le rapport de synthèse de la concertation sur la politique de la ville [2], rendu public en janvier, évoque “un cadre d’intervention commun pour les volets humain et urbain de la politique de la Ville”, semblant préfigurer une structure plus vaste regroupant notamment l’Acsé et l’agence nationale de la rénovation urbaine (Anru).
Parallèlement, la création annoncée par sa ministre de tutelle, Cécile Duflot, d’un commissariat général à l’égalité des territoires, rattaché à Matignon et censé garantir une meilleure coordination des politiques destinées aux “territoires à enjeux” (banlieues défavorisées, territoires périurbains et ruraux, zones de montagne, littorales, etc.) pourrait absorber l’Acsé. C’est du moins ce qu’a proposé le 7 février la commission “Wahl” chargée de réfléchir à la création de ce commissariat général, qui préconise notamment une administration rassemblant la Datar, le secrétariat général du comité interministériel des villes (SG-CIV), l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), les services en charge du développement rural du ministère de l’Agriculture et ceux de la reconversion des zones côtières du ministère de l’Écologie, voire la direction de l’habitat.
Véritable guichet unique à destination des élus locaux, des associations et autres services territoriaux, ce commissariat assurerait par ailleurs la tutelle de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) et la cotutelle des établissements publics d’aménagement.
L’Acsé, “fleuron du patrimoine des quartiers prioritaires” - Selon Mme Charaï, la “reprise en main” de ce “fleuron du patrimoine des quartiers populaires” “risque de ne pas aller dans le sens des quartiers. L’agence a aussi permis, très souvent, de raccourcir les circuits de financement”, note-t-elle encore. L’idée de vouloir regrouper, faire de la mécanique, de l’outillage, ne m’intéresse pas. Ça c’est le travail des fonctionnaires, ce n’est pas mon rôle en tant que présidente de l’agence. Le mien est d’essayer de comprendre les problématiques des habitants de banlieue. Je souhaite répondre à la promotion de l’image de la diversité dans les médias, de l’histoire et de la mémoire, la question de l’emploi, du chômage, l’accompagnement des familles lorsqu’elles sont en grande précarité pour éduquer leurs enfants. Voilà, mes chantiers. C’est aussi mon rôle de dire à ma tutelle quand je pense que la réforme ne va pas dans le sens des habitants des quartiers et de le dire ouvertement” se défend-elle.
“La refondation de la politique de la ville doit se faire sur un projet de société, et pas seulement une mécanique, une vision de gestionnaire”, a souligné Mme Charaï, alors qu’un comité interministériel des Villes doit se tenir mardi 19 février à Matignon. “On a tendance à penser que l’Etat peut tout et que pour mettre en œuvre une politique publique, il faut un Etat fort, parfois même jacobin. Je pense très sincèrement que pour la politique de la ville, il faut plutôt un Etat territorial et une agence souple qui puisse discuter avec les acteurs de terrain pour faire des propositions assez rapide.”
“Mais je m’interroge sur la refonte pour l’instant envisagée. Il me semble qu’elle mettrait à mal l’Acsé et son travail de proximité en la noyant dans une administration centrale”, a ajouté celle qui a été nommée à la tête de l’Acsé en octobre 2012, estimant que “cette nouvelle politique s’éloigne aussi de la mission confiée par le Président de la République”.
“J’ai une lettre de mission qui vient de l’Elysée. Dans cette lettre, il n’est pas question de la disparition de l’Acsé. [...] Ce n’est pas d’actualité. Si ça le devient, j’aviserai à ce moment-là, mais je le dis très clairement, je refuse que la politique de la ville soit portée par une administration centrale très éloignée de la vie quotidienne des quartiers [...] Je considère que cette agence doit rester à l’image de la société française et très proche des quartiers populaires” met elle en garde dans son interview au Bondy Blog.
Projets gouvernementaux - Les inquiétudes sur l’avenir de l’Acsé formulées par Naïma Charaï renvoient à différentes hypothèses exprimées par le gouvernement. Première source d’inquiétude : la possibilité évoquée par le ministre délégué chargé de la politique de la ville, François Lamy, de fusionner l’Acsé avec l’Agence nationale de rénovation urbaine. Le rapport de synthèse de la concertation sur la politique de la ville [2], rendu public en janvier, évoque “un cadre d’intervention commun pour les volets humain et urbain de la politique de la Ville”, semblant préfigurer une structure plus vaste regroupant notamment l’Acsé et l’agence nationale de la rénovation urbaine (Anru).
Parallèlement, la création annoncée par sa ministre de tutelle, Cécile Duflot, d’un commissariat général à l’égalité des territoires, rattaché à Matignon et censé garantir une meilleure coordination des politiques destinées aux “territoires à enjeux” (banlieues défavorisées, territoires périurbains et ruraux, zones de montagne, littorales, etc.) pourrait absorber l’Acsé. C’est du moins ce qu’a proposé le 7 février la commission “Wahl” chargée de réfléchir à la création de ce commissariat général, qui préconise notamment une administration rassemblant la Datar, le secrétariat général du comité interministériel des villes (SG-CIV), l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), les services en charge du développement rural du ministère de l’Agriculture et ceux de la reconversion des zones côtières du ministère de l’Écologie, voire la direction de l’habitat.
Véritable guichet unique à destination des élus locaux, des associations et autres services territoriaux, ce commissariat assurerait par ailleurs la tutelle de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) et la cotutelle des établissements publics d’aménagement.
L’Acsé, “fleuron du patrimoine des quartiers prioritaires” - Selon Mme Charaï, la “reprise en main” de ce “fleuron du patrimoine des quartiers populaires” “risque de ne pas aller dans le sens des quartiers. L’agence a aussi permis, très souvent, de raccourcir les circuits de financement”, note-t-elle encore. L’idée de vouloir regrouper, faire de la mécanique, de l’outillage, ne m’intéresse pas. Ça c’est le travail des fonctionnaires, ce n’est pas mon rôle en tant que présidente de l’agence. Le mien est d’essayer de comprendre les problématiques des habitants de banlieue. Je souhaite répondre à la promotion de l’image de la diversité dans les médias, de l’histoire et de la mémoire, la question de l’emploi, du chômage, l’accompagnement des familles lorsqu’elles sont en grande précarité pour éduquer leurs enfants. Voilà, mes chantiers. C’est aussi mon rôle de dire à ma tutelle quand je pense que la réforme ne va pas dans le sens des habitants des quartiers et de le dire ouvertement” se défend-elle.
“La refondation de la politique de la ville doit se faire sur un projet de société, et pas seulement une mécanique, une vision de gestionnaire”, a souligné Mme Charaï, alors qu’un comité interministériel des Villes doit se tenir mardi 19 février à Matignon. “On a tendance à penser que l’Etat peut tout et que pour mettre en œuvre une politique publique, il faut un Etat fort, parfois même jacobin. Je pense très sincèrement que pour la politique de la ville, il faut plutôt un Etat territorial et une agence souple qui puisse discuter avec les acteurs de terrain pour faire des propositions assez rapide.”
Les agents de l’Acsé réitèrent leur incompréhension
Dans un communiqué daté du 18 février 2013, la section CFDT de l’Acsé expriment leur incompréhension devant une « logique technocratique » qui viserait à restructurer l’Acsé. Le syndicat indique que François Lamy avait initialement prévu d’annoncer le 19 février lors du Comité interministériel des villes (CIV) « la suppression de l’Acsé » et le transfert de ses 115 agents dans l’administration centrale du secrétariat général du CIV. Mais, selon le communiqué syndical, cette annonce serait finalement reportée à l’issue d’une « mission d’inspection et d’expertise ». « Cet exercice, programmé sur un délai extrêmement court, semble peu propice à une réflexion de fond et novatrice sur les missions de l’Etat en faveur des quartiers défavorisés et de leurs habitants » déplore le syndicat, qui, dans une note publiée le 28 janvier dernier [4], appelait à un renforcement de l’Acsé, qui, depuis sa création, a permis « des progrès majeurs » dans la gestion de la politique de la ville.
REFERENCES
- A lire dans Sud-Ouest : "Banlieues : la mise en garde de Naïma Charaï"
- A lire sur le Bondy blog : L’avenir de l’ACSE entre les mains du ministre de la ville…
POUR ALLER PLUS LOIN
- Lire notre article du 17 janvier 2013: l’Acsé se dote d’une nouvelle directrice, inquiétudes sur l’avenir de l’agence
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