P. Aiquel | Publié le 08/02/2013 | Mis à jour le 09/02/2013
Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a voulu rassurer les élus ruraux sur la « progressivité » de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, lors d’un déplacement en Auvergne et Limousin, jeudi 7 février.
A Manzat (Puy-de-Dôme), petite commune de 1354 habitants dans les Combrailles auvergnates, le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, n’a pas trouvé des opposants farouches à sa réforme de rythmes scolaires. Coût plus élevé que prévu pour les communes, dotations insuffisantes ou mal distribuées, manque d’infrastructures pour le périscolaire ou d’intervenants qualifiés en zone rurale, réorganisation des transports scolaires : les sujets d’inquiétude des élus étaient nombreux.
Mais Vincent Peillon les a rapidement balayés : « Ce sont les questions que je rencontre partout. Personne ne remet en cause la réforme. L’inquiétude est sincère, vous vous demandez « est-ce qu’on sera capable de l’exercer, d’apporter les bonnes réponses ? » J’étais il y a quelques jours dans d’autres territoires ruraux, en Haute-Garonne, ils se posent les mêmes questions. Ils mutualisent, ils vont voir les mouvements d’éducation populaire. Plutôt que de se demander comment on va faire dans quelques années, allons-y ! »
Pas de stress - Pour rassurer les élus ruraux le ministre a également insisté sur la possibilité d’avancer progressivement. « Il ne faut pas stresser ! On n’a pas le couteau sous la gorge ! Personne ne va aller en prison si ce n’est pas parfait dès la première année. Commencez, si possible en 2013, puis ce sera meilleur en 2014, en 2015. Cette progressivité, j’y tiens. On ne va pas passer de la nuit à la lumière en un jour. Je vous recommande d’élargir le cercle, de parler aux voisins, de travailler ensemble. »
Vincent Peillon a-t-il rassuré tout le monde ? Pas vraiment. Le maire de Chapdes-Beaufort et conseiller général Lionel Muller (UMP), l’un des rares élus de droite dans la salle, constatait à la fin de la réunion que « les conséquences financières seront là, et devront être intégralement supportées par les communes dès la deuxième année. Or dans le contexte budgétaire qui est le nôtre aujourd’hui -la ministre Marylise Lebranchu a annoncé des centaines de millions d’euros de dotations en moins pour les collectivités, nos ménages sont déjà étranglés fiscalement parlant- où trouver l’argent ? »
Péréquation à revoir ?- Quand la présidente de l’association des maires du Puy-de-Dôme, Pierrette Daffix-Ray souligne que de nombreux édiles, dans son département mais aussi en Haute-Loire, remarquent que des communes riches, à travers la DSU et la DSR, seront bénéficiaires de complément financier, le ministre renvoie la balle à l’Intérieur.
« Nous nous sommes battus pour que ces fonds aillent aux territoires les plus fragiles, ruraux ou urbains en difficulté. De 50 à 135 euros c’est quand-même du 1 à 3. Je découvre que vous n’êtes pas contents, mais nous nous sommes basés sur les listes du ministère de l’Intérieur qui redistribue les dotations de péréquation. S’il faut les faire évoluer, ça doit impliquer d’autres zonages, il ne faut pas prendre en otage cette réforme », a dit Vincent Peillon.
La France grincheuse - Le ministre assure que « toutes les remarques sont les bienvenues, toutes les questions sont intéressantes. Cette réforme est à la fois une immense réforme dans l’intérêt des enfants, mais elle suppose pour les uns et les autres toute une réorganisation, du travail, de vie, de pédagogie, des transports. Il y a de réponses à ces questions ».
Mais quand on lui signale que de nombreux élus ruraux considèrent que la réforme est bien pensée pour la ville mais pas pour les campagnes, il balaye encore : « Vous savez, si vous allez dans les villes ils vous diront c’est une bonne réforme pour les campagnes, vous leur donnez plus d’argent. Il y a une France qui est toujours plus grincheuse, inquiète, et il y a une France qui doit avancer. Donner la priorité à la jeunesse c’est ça. Favoriser l’avenir, l’espérance et puis relever ses manches, se mettre au travail. »
Pour le président de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (USEP) dans le Puy-de-Dôme, Philippe Leotoing, favorable à la réforme, ce sont surtout les collectivités qui ont déjà mis en place la semaine de 9 demi-journées qui auront de l’avance : « même en zone rurale, il y a des territoires qui ont déjà les réponses, car ils les ont pensées depuis longtemps, notamment là où l’intercommunalité a pris la compétence du périscolaire ».
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