Jean-Marc Ayrault a donné le top départ du Grand Paris des transports mercredi 6 mars en engageant le gouvernement sur un plan de financement et un calendrier pour la réalisation de cet aménagement pharaonique, qui doit tirer la croissance de la première région française. Alors que la question de l’emploi hante les esprits, Jean-Paul Huchon, président de la région Ile de France s’est félicité de ces engagements.
Financement sans nouvelle taxe - Le Nouveau Grand Paris est “d’une ambition sans précédent et il est financé”, s’est enorgueilli M. Ayrault car c’est là que le bât blessait. Le rapport Auzannet de décembre 2012 [1] avait provoqué un psychodrame en annonçant une sous-estimation d’environ 10 milliards d’euros, portant la note à près de 30 milliards. De nombreux élus s’étaient alors mobilisés, craignant de voir leur tronçon sacrifié.
« Le Nouveau Grand Paris acte un effort sans précédent en faveur des transports en Ile-de-France. La voix de la région Ile-de-France, qui défend depuis 2006 le service public des transports a été entendue. En triplant les investissements pour moderniser le réseau (7 milliards d’ici 2017), les conditions de transport des usagers vont s’améliorer rapidement au quotidien », a déclaré Jean-Paul Huchon (PS).
Finalement, tout le tracé sera réalisé mais avec des capacités différenciées (longueur des rames, quais, largeur des trains, etc.), adaptées aux prévisions d’augmentation de trafic selon les portions. Ce travail d’affinage a permis d’économiser 3 milliards sur la note finale, revue donc à 27 milliards.
Aucune nouvelle taxe n’est donc à l’ordre du jour, ce qui devrait rassurer et le Medef, et la droite. En revanche, après 2020, une fois que de nombreux tronçons seront entrés en service, le gouvernement estime qu’il faudra un nouveau prélèvement pour augmenter de 150 millions d’euros par an les recettes de la SGP.
Grand Paris Express : 200 km, 72 gares - Le supermétro automatique Grand Paris Express (GPE), ses 200 km et ses 72 gares, sera réalisé “intégralement” pour 2030, a promis le Premier ministre, devant un aréopage de ministres, d’élus et de décideurs économiques.
Pierre Serne, vice-président aux transports de la région, s’est félicité de la faculté de persuasion développée par la région, visant à démontrer que le plan de modernisation et le Grand Paris Express constituaient en réalité les deux facettes d’un même projet : « Pour le développement économique et le désenclavement des territoires, personne ne doit être laissé au bord du chemin, notamment en matière de transports publics. C’est cette formidable opportunité pour l’égalité et l’emploi que nous avons défendue lors des consultations publiques ».
De fait, les engagements pris – 26 milliards d’euros pour le Grand Paris Express et jusqu’à 15,5 milliards pour les transports du quotidien d’ici 2030, dont 7 milliards d’euros pour les cinq prochaines années – devraient permettre de booster la création d’emplois sur le territoire francilien.
« Chaque année, ces travaux vont induire près de 15 000 emplois qui profiteront directement aux habitants de l’Ile-de-France », estime Pierre Serne.
Parallèlement au GPE, des travaux de prolongation et de création de tramways pour étoffer les liaisons de banlieue à banlieue sont estimés à 7,3 milliards d’ici à 2017. Quatre milliards étaient prévus, M. Ayrault a annoncé qu’il débloquait 2 milliards, issus des caisses de la Société du Grand Paris (SGP).
La SGP, désormais maître d’ouvrage de l’ensemble du GPE, n’a en effet pas besoin tout de suite de toutes ses provisions, étant au stade des enquêtes et études et pas encore à celui des travaux.
Modernisation du réseau existant - Ce nouvel ensemble, comprenant le futur GPE et le plan de mobilisation pour améliorer et prolonger l’existant, a été baptisé Nouveau Grand Paris. “Les lignes seront lancées en parallèle, les tronçons s’enchaînant”, a précisé le Premier ministre, pour ne pas donner l’impression d’avoir des territoires servis en premier et d’autres en dernier.
Symboliquement, pour faire sortir Paris de son périphérique, les nouvelles lignes recevront des appellations dans la lignée du métro parisien: la rocade la plus proche de Paris va devenir la ligne 15, l’arc le plus à l’est la 16, la ligne du Bourget à Charles-de-Gaulle la 17 et celle du plateau de Saclay la 18.
Pour financer la régénération et l’extension du réseau existant, le conseil régional va engager 2,5 milliards d’ici à 2017, dans le cadre d’un nouveau contrat de projets avec l’Etat.
Jean-Paul Huchon devrait présenter le détail des engagements devant la commission des finances de la région avant le 25 avril 2013. Pour mémoire, entre 2007 et 2012, près de 2 milliards d’euros avaient déjà été mobilisés par la région, l’Etat et les départements en faveur des transports du quotidien.
Confirmation de la création d’un Etablissement Public métropolitain - De son côté, le maire de Paris Bertrand Delanoë s’est déclaré satisfait de la confirmation de « la création d’un Etablissement Public métropolitain, dont la gestion serait confiée aux élus avec de vrais pouvoirs d’action. Je salue la décision du Premier ministre de réaliser le Grand Paris Express dans son intégralité, avec un financement et un calendrier clairement définis. »
Le projet de loi de décentralisation, moins consensuel - Le Premier ministre a aussi abordé la gouvernance institutionnelle. Le projet de loi sur la décentralisation, qui sera présenté en Conseil des ministre le 10 avril prochain, fait la part belle à la vision du maire PS de Paris Bertrand Delanoë et a suscité une levée de bouclier des élus régionaux de tous les bords politiques lors de sa révélation lundi. M. Ayrault a donc tenté de réconforter M. Huchon et assuré que le gouvernement “examinerait” les amendements qui lui seraient soumis lors du débat parlementaire à venir.
Les entreprises de travaux publics satisfaites par le Nouveau Grand Paris
La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) a exprimé mercredi 6 mars sa satisfaction vis-à-vis de l’engagement du gouvernement pour la “réalisation intégrale” du futur métro automatique Grand Paris Express en 2030, soit 200 km et 72 nouvelles gares.
“C’est un signal positif à double titre : pour les Franciliens, pour qui ce projet promet, en modernisant le réseau de transport, de rendre le territoire compétitif à l’échelle internationale et de renforcer l’attractivité des pôles de développement économique; pour les entreprises de Travaux Publics qui sont fortement mobilisées sur ce projet”, a déclaré Patrick Bernasconi, président de la FNTP, cité par le communiqué.
La FNTP se réjouit “de l’adoption d’un échéancier précis avec des points d’étape” et du “démarrage des travaux dès 2015″.
“La profession est parfaitement capable de construire l’infrastructure dans les meilleurs délais. Les entreprises françaises utilisent en effet régulièrement une vingtaine de tunneliers, d’un diamètre supérieur à 4 mètres, (…) et sont en mesure de mobiliser aisément les 6 à 10 tunneliers nécessaires à la réalisation du Grand Paris Express”, souligne la FNTP.
10 000 emplois non délocalisables - La fédération patronale souligne que “ce sont en effet pas moins de 10.000 emplois non délocalisables qui seront concernés chaque année, durant la durée des travaux, dans les métiers des travaux publics”.
L’objectif fixé est de débuter “dès 2015″ les premiers travaux, ceux de la ligne reliant Noisy-Champs au Pont-de-Sèvres, la rocade principale qui passe en zone très dense et qui doit soulager au plus vite le coeur de Paris.
CHIFFRES CLES
Les annonces du Gouvernement promettent :
- 26,5 milliards d’euros pour le Grand Paris Express, et jusqu’à 15,5 milliards d’euros pour les transports du quotidien d’ici 2030, dont 7 milliards d’euros pour les 5 prochaines années ;
- Un effort financier multiplié par 3 pour les transports du quotidien : 7 milliards d’euros programmés pour 2013-2017, en plus des 2 milliards engagés sur 2007-2012 ;
- 2 chantiers portant sur la création de nouvelles lignes, la modernisation des RER, la rénovation ou la construction de nouvelles gares.
- D’ici 2030, 250 000 emplois
- en 2030, le Grand Paris Express achevé représentera 205 km de lignes et 72 gares nouvelles.
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